Catastrophes

Catastrophes
Hubert Ben Kemoun
Flammarion Jeunesse 2024

L’effet papillon

Par Michel Driol

Si Fabien la Motte n’avait pas été le visage de la photo de la fête foraine, si Alexandre n’était pas monté sur le Loopy crazy full, s’il n’avait pas lancé une canette de soda, si elle n’était pas tombée sur le transformateur électrique, s’il n’avait pas pris feu, s’il n’y avait pas eu un camion-citerne en panne devant le musée, les urgences de l’Hôpital n’auraient pas accueilli tant de blessés, et Alexandre ne se retrouverait pas au commissariat, accusé de tous les maux de la ville par le brigadier-chef Saint-Lazare.

On se souvient des dessins animés dans lesquels le Coyote invente des pièges diaboliques et complexes pour piéger Bip-bip..  C’est exactement l’impression que donne ce roman-catastrophe rocambolesque plein d’humour et de rebondissements, dans lesquels le héros est coupable soit d’avoir jeté une canette hors d’une poubelle, soit d’avoir causé la destruction d’une grande partie de sa ville. C’est un face à face, un huis-clos déséquilibré dans un commissariat, entre un enfant de 6ème et un brigadier-chef persuadé de sa culpabilité, policier étroit d’esprit, sans empathie ni ménagement.  Belle caricature de policier bedonnant ! Récit d’interrogatoire à charge, où tout, bien sûr, se retourne contre le pauvre Alexandre, auteur involontaire des faits et narrateur avisé qui rythme le récit par l’alternance de deux types de chapitres : Ce qu’on dit – Ce qu’on ne dit pas, donnant à entendre les confidences d’Alexandre au lecteur, ce qu’il ne révèle pas – pour différentes raisons – au policier.

Ce qu’on dit dans cette chronique : un formidable roman noir dans la tradition de certains ouvrages humoristiques de la Série Noire ,  enlevé, jubilatoire, où l’on va de catastrophe en catastrophe, avec un arrière-plan pourtant d’attentats et de menaces sur la ville, avec aussi le regard critique de l’auteur sur la société, sur la police. Ce qu’on ne dit pas : ce qui s’est réellement passé ce jour-là, et ce que cache précieusement le héros au fond de sa poche. Comme une sorte de revanche sociale, immorale ? à vous de le lire et de le dire !

Une réflexion sur « Catastrophes »

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