Ma Soeur-Etoile

Ma sœur étoile
Alain Mabanckou, Judith Gueyfier
Seuil Jeunesse, 2010

Dessine-moi un Petit Prince

par Christine Moulin

soeur étoile.jpgAu milieu des avatars médiatiques plus ou moins réussis du Petit Prince, cet album fait chaud au cœur. Le format en est conforme au propos : généreux. Les illustrations, aux riches couleurs nocturnes, font la part belle aux doubles pages et permettent de pénétrer dans un univers onirique peuplé de moutons. C’est qu’en effet l’intertexte de l’ouvrage de Saint-Exupéry est très présent : en dehors du célèbre ovidé, on retrouve l’Afrique (mais pas celle du désert), l’étoile et au-delà, la célébration de la foi en l’amour, qui triomphe du deuil, le mépris des richesses matérielles, le pouvoir de l’amitié. Seule manque au rendez-vous « l’absente de tout bouquet », la rose… A peine peut-on regretter un début un peu lent : mais c’est que cet album est sans doute plus poétique que narratif, au fond.

Vous pouvez aller visiter le site de l’auteur.

La petite taiseuse

La petite taiseuse
Stéphanie Bonvicini, Marianne Ratier
Naïve, 2010

Jacques Salomé pour les enfants

par Christine Moulin

stéphanie bonvicini,naïve,communication,silence,christine moulinA l’image des contes du célèbre psychologue, ce récit répand la bonne parole : « Heureux qui communique ». Mais reprenons : il met en scène cinq personnages, la Taiseuse, le Village (toujours présenté ainsi, comme une entité), le Meunier, le Vent et un chat, noir. Le Meunier fait la farine, la nuit, si bien qu’il ne parle jamais à personne. La petite Taiseuse se tait. Le chat l’adopte pour ne plus la quitter. Le Village suppute et papote. Un jour, meurt la Vieille mandatée par celui-ci pour aller porter des vivres au Meunier. La petite Taiseuse est toute désignée pour prendre sa suite. Grâce aux agissements du Vent, tout ce petit monde va bénéficier d’une leçon : « Apprends que tu peux ressentir tout ce que tu veux tant que tu l’exprimes ».

Et c’est là le hic : paradoxalement, ce livre est très bavard, démonstratif, didactique, même si’il se présente comme « une histoire où, à bien l’écouter, personne n’aurait le dernier mot ». Les symboles sont vite explicités si bien que l’on se prend à regretter que ne soit qu’à moitié réussi le programme que s’était fixé l’auteure : écrire « une histoire où l’on pouvait tout entendre, même ce qui ne se dit pas ».

Les carottes sont cuites pour le Grand Méchant Loup

Les carottes sont cuites pour le Grand Méchant Loup
Suzanne Bogeat, Xavière Devos
L’élan vert, 2010

Un enième loup végétarien

par Christine Moulin

suzanne bogeat,xavière devos,l'élan vert,loup,conte,petit chaperon rouge,trois petits cochons,intertextualité,stéréotype,christine moulinOn n’en sort plus : constater que le stéréotype du loup méchant s’est mué en stéréotype du loup gentil est devenu un poncif. Tant il est vrai que la veine est inlassablement sollicitée, avec son cortège d’allusions intertextuelles attendues : la Chèvre de Monsieur Seguin, les Trois Petits Cochons, le Petit Chaperon Rouge. Voici donc encore un loup condamné aux légumes, cette fois-ci à cause de son grand âge. Il va voir un médecin mais n’est pas Gotlib qui veut. Il reçoit l’aide de ses anciens adversaires et bien sûr, tout est bien qui finit bien.
Seule originalité : les illustrations nous montrent Violette, la fille du Petit Chaperon Rouge. Elle est bien mignonne, va…

Le conte des étoiles filantes

Le conte des étoiles filantes
Nicolas Marie, Jeanne Gomez

Le buveur d’encre, 2010

L’heure du conte

 par Christine Moulin

conte étoiles filantes.jpgVoilà un bon conte des origines, comme on n’en fait plus. Pas d’ironie, pas de modernisation, pas de second degré, pas d’intertextualité aguicheuse (ou du moins, s’il y avait quelque allusion, je ne l’ai pas vue !). Un conte qui commence par « Il était une fois » et qui se termine par « Depuis ce jour ». Avec un roi, une reine qui ne peut pas avoir d’enfants, de la magie, une forêt et tout et tout. Et même, en prime, des imparfaits du subjonctif ! Si !
Bref de la belle ouvrage. Un tantinet surannée, ce que confirment les illustrations délicatement aquarellées.
Un regret : pourquoi révéler par le titre que c’est l’origine des étoiles filantes qui va être expliquée ? Je crois que j’aurais préféré avoir la surprise. Question de goût.