La Promenade de Petit Bonhomme

La Promenade de Petit Bonhomme
Lucie Felix
(Les Grandes Personnes)

Livre vivre

Par Anne-Marie Mercier

Lietje a rendu compte des merveilleux Coucou et Hariki il y a peu. Leur auteure, Lucie Felix, proposait en 2015 un autre album (que nous avions recensé au moment de sa sortie mais qui mérite ici d’être mis en perspective avec les titres récents) dans lequel l’adulte qui lit ou l’enfant qui l’écoute (ou qui reprend le livre seul), sont actifs, parcourent le livre par le toucher et se promènent autant dans l’espace de la page que dans l’espace du récit.

Ce grand album cartonné propose un espace sobre, réduit à une bande colorée comportant parfois des aspérités et surmontée d’un grand espace blanc qui commence dès la page de couverture. L’espace – et donc la promenade – se complexifie peu à peu : du plat on passe à des reliefs, à un précipice qu’il faut franchir, à un toboggan… on rencontre des animaux, enfin on entre dans la maison : un goûter attend, mais avant il faut franchir les derniers obstacles…
Dans cet espace, pas de personnage inscrit : ce « petit bonhomme » est la main de celui qui raconte, suggérée en pointillés sur la première de couverture, puis absente de l’image : il s’agit de la placer et de l’animer soi-même. On va faire glisser le doigt sur le chemin bien lisse, le faire trébucher sur le caillou, sauter au-dessus du précipice.. et le replier en fin de parcours, tout tranquillement.
À chaque étape, la page doit être caressée pour faire ressentir ses reliefs. Les couleurs aquarellées sont superbes, évoquant tantôt des mousses, de l’eau, du bois, du marbre… Il est rare de voir autant de reliefs en tous genres sur une surface de papier apparemment plane,  et d’ouvrir un livre sans personnage apparent qui accueille autant de vie avec des moyens aussi simples.

Diane danse

Diane danse
Luciano Lozano
Traduit (espagnol) par Sébastien Cordin
Les éditions des éléphants, 2018

La danse (et les maths) pour toutes!

Par Anne-Marie Mercier

Diane, petite fille boulotte à lunette (on pense à la copine de Fantômette), n’a pas le profil d’une danseuse, et pourtant… elle s’y lance à corps perdu, cela donne du sens à sa vie, et l’aide même à réussir à l’école car elle arrive enfin à mémoriser ses tables de multiplication les apprenant en mouvement.

L’album est en partie à destination des parents : les problèmes d’attention de Diane et sa difficulté à percevoir l’intérêt des apprentissages scolaires parleront à certains. C’est aussi un album à la gloire des psychologues perspicaces puisque c’est dans le cabinet de l’un d’eux que Diane découvre (et sa mère avec elle) sa passion et son talent.
Quant aux dessins, ils sont charmants, avec la bouille ronde et toutes les autres rondeurs de Diane, l’énergie des petits danseurs et ils semblent dire que la danse est pour tous et pas seulement pour les filles filiformes. Un album manifeste ?