Je ne suis pas Eugénie Grandet: l’art, la vie

Je ne suis pas Eugénie Grandet
Shaïne Cassim
L’école des loisirs (médium), 2011

Les livres et l’art comme leçons de vie

Par Anne-Marie Mercier

Je ne suis pas Eugénie Grandet .gif   Dans ce beau roman, une jeune fille découvre son propre trouble en visitant une exposition (« Eugénie Grandet » vue par Louise Bourgeois) et en parcourant le roman de Balzac. Dans une deuxième partie, c’est La Cerisaie de Tchekhov qui est au centre de l’intrigue et des préoccupations… Autant dire que ce roman ravira les « médiateurs culturels » et les amoureux de la culture et qu’il ne fait pas rimer réalisme avec misérabilisme. Certains pourraient lui reprocher d’être un peu « élitiste-parisien », de montrer des vies et un cadre peu communs pour l’ensemble de la population. Oui, et alors? ça change au moins du monde des vedettes,champions, malfrats et stars qu’on propose sans état d’âme.

La situation, les personnages, sont ce qu’ils sont, ce sont des vies comme il y en a d’autres, affrontées à des difficultés et qui se nourrissent de rencontres. Il n’y a rien de cuistre ni de trop didactique. C’est un roman, avec des personnages attachants, tous un peu bizarres, ce qui leur donne un ton de vérité : un metteur en scène, une costumière, un fleuriste, une grand-mère médecin de campagne à la retraite…, tous ces personnages se croisent sous le regard un peu perdu de l’héroïne.

À travers le personnage d’Eugénie Grandet, elle découvre sa grand-mère et comprend le mystère de sa vie, le pourquoi de sa dureté et de son apparente insensibilité et un peu de l’histoire de sa propre mère qui l’a abandonnée ; mais surtout elle comprend à travers l’angoisse qui la prend lors de la visite de l’exposition sa propre angoisse face à son passé comme face à son futur : comment ne pas rater sa vie ? comment naît un amour ?

L’ensemble fait une belle lecture des livres, des arts et des émotions et, ce qui n’est pas négligeable, donne envie de relire ou lire Eugénie Grandet et La Cerisaie