Bobo lapin
Ramadier et Bourgeau
L’école des loisirs, 2011
…Faut-il qu’une « histoire à colorier » soit plate ?
Par Dominique Perrin
Bobo lapin est sans doute d’abord une « histoire à colorier » : feuilleter celle-ci comme une invitation à faire œuvre de coloriste à partir de son dessin en noir et blanc, précis et efficace en même temps que naïf, conduit à en faire une évaluation plutôt enthousiaste. Cependant, une histoire à colorier est-elle nécessairement au-delà, ou en deçà des exigences qu’on peut avoir habituellement vis-à-vis d’un album pour la jeunesse ? Nullement, serait-on tenté de répondre.
Or l’histoire est ici bien plate, et décevante : Bobo lapin se réveille malade, rejette méthodiquement les traitements fort convenus que lui proposent ses amis en fonction de leurs propres habitudes alimentaires, et finit par trouver secours chez maman lapin. Il propose finalement avec succès son remède de lapin – un jus de carotte, faut-il le préciser – à tous ses amis malades à leur tour. On est bien loin de l’absorbant Docteur loup d’Olga Lecaye, où le questionnement sur le même et l’autre, le commun et le différent, leurs jeux de miroir et de trompe-l’œil, était exploré de façon merveilleusement prenante. On est également loin d’ouvrages au texte, au dessin et à la colorisation beaucoup plus simples, et néanmoins rafraîchissants pour les esprits de tous âges.
La couverture, constituée par un seul mot, jaune, dans un coeur rouge sur un carré rose, grand format et cartonnée, attire le regard. Quand on ouvre l’album, on se retrouve face à une série de propositions, issues de la vie quotidienne d’un tout jeune enfant, cachées/dévoilées, contenant/contenu, grâce à un jeu de fenêtres à soulever : « dans la boîte/il y a des bonbons ; dans la bouteille/il y a du lait ». On avance ainsi jusqu’à la chute finale, attendue.