Je suis qui je suis

Je suis qui je suis
Catherine Grive
Rouergue 2016,

 Trouver son genre et son chemin

Par Maryse Vuillermet

Raph ne part pas en vacances car sa maman est sur le point d’accoucher. Elle s’ennuie donc et s’est mise à voler le courrier dans les boites aux lettres de son immeuble.

Et puis, il y a un autre problème, elle est remplie de chagrin et depuis très longtemps, elle n’est bien qu’avec les garçons et dans des activités de garçon. Elle fait la tête même avec ses amis.

Et puis,  grâce à son copain Bastien, elle rencontre Sarah, la première fille avec qui elle peut être amie et qui l’écoute sans la juger.

Mais elle est surprise en flagrant délit de vol de courrier et tout va s’accélérer. Dans ce roman, il est bien clair que si Raph commet des délits, c’est parce qu’elle ne va pas bien et ne sait pas comment et à qui exprimer son mal-être.

D’où l’importance de l’amitié, de trouver une personne jeune ou adulte qui sache vraiment écouter.

Un joli roman sensible et bien écrit auquel je mettrais un seul bémol : l’immeuble et ses habitants, comme microcosme de la société, est rempli d’humains vraiment compréhensifs, je me demande si tout se passerait ainsi dans la vraie vie.

 

Pour grandir, il faut

Pour grandir, il faut
Catherine Grive, Jean-François Spricigo
Rouergue, 2010, coll. Yapasphoto

Comment présenter un livre tout neuf, qui semble là très au-delà des conditions de son apparition – à l’image des êtres auxquels il s’adresse, et de ceux qu’il montre ? 

Par Dominique Perrin

PourGrandir.gif Pour grandir, il faut est de ces entreprises qui prétendent – et démontrent – que la photographie noir et blanc a une vocation sans égale à rendre compte de la situation de l’humain entre le commun et le particulier, le collectif et l’individuel. Les images s’y insèrent dans une lignée artistique associable au nom de Doisneau. Mais (car il y a sans doute un « mais » concernant cette référence très partagée et sa fraîcheur parfois perdue) leur association avec un  texte aussi choisi que laconique donne à l’ensemble un statut comme réinventé de poème et de récit.

Ce récit met en image, comme l’indique la présentation finale, des « étapes de l’enfance » (perspective un peu solennelle), mais délicieusement improvisées, fugaces, graves et  pas sérieuses. Les mots portés ici sous le regard, la langue et les oreilles sont les immenses vocables qui, pour référer à la substance réelle de « tous les jours », sont loin d’être prononcés journellement. « Manger », « se laver », « jouer », « courir » sont certes le quotidien verbal des jeunes lecteurs ; mais « naître », « s’éveiller », « contempler » ? et, en construction absolue, « manger » (être un être mangeant), « rester », « hésiter », « attendre » (être un être en suspens), « aimer » (être un être aimant) ?
La dernière page ouvre sur une photo un peu floue et le verbe : « S’imaginer ».