La Cérémonie d’hiver

La Cérémonie d’hiver
Elise Fontenaille

Rouergue (doAdo noir), 2010

Quand liberté rime avec vengeance

par Sophie Genin

9782812601170.gif « Un texte qui cogne, écrit avec une rage cinglante. Les phrases pleuvent, courtes et drues, coupent, tranchent, affûtées et aiguës. Et racontent une histoire fascinante, aux confins du fantastique, mêlant légende et réalité très contemporaine.  » (Michel Abescat, Télérama n°3144, avril 2010).

Contrairement à Chasseur d’orages, Maryse (voir la notice de Maryse dans ce blog), ce court roman hésitant volontairement entre conte fantastique et récit policier, ne « dégouline pas de bons sentiments » !En effet, nous suivons, dans Vancouver juste avant les Jeux Olympiques, Eden, jeune indienne de la tribu Haïda, et Sky, l’aigle tueuse qu’elle a élevée, dans une course à la vengeance. Comme dans Chasseur d’orages, la relation avec la grand-mère, cette fois-ci, est fusionnelle et plus que forte, vitale et lorsque cette dernière meurt en prison à cause d’un point levé contre la destruction de son « chez elle » pour faire place aux J.O., sa petite-fille voit noir et gagne sa liberté au prix de la vie d’autrui.

Le récit laisse sans voix et la fin est à la hauteur du reste, tout en force et en finesse ! 

 

 

Forgotten

Forgotten
Cat Patrick
La Martinière, 2011

 Memento

par Christine Moulin

cat patrick,la martinière,mémoire,adolescence,journal intime,écriture,sentiments,christine moulinA l’instar du héros du film de Christopher Nolan, l’héroïne, Lili, a des problèmes de mémoire et pour y remédier, rédige des notes tous les soirs sur sa journée : en effet, elle ne se souvient pas du passé. Toutes les nuits, à 4h33, son « disque dur » s’efface et elle recommence sa vie à zéro. Enfin, pas tout à fait car elle se souvient de l’avenir, ce qui peut expliquer qu’elle arrive à suivre des études à peu près normales, en première. Sur cette base, le roman explore quelques pistes intéressantes : le rôle de l’écriture, la part de mauvaise foi ou de traumatisme qui préside à l’effacement de certains souvenirs, le caractère inéluctable (ou non) du destin. De plus, sur le plan narratif, la situation permet des effets de suspens efficaces. Au prix de quelques incohérences: comment Lili se souvient-elle de vagues connaissances alors qu’elle redécouvre l’amour de sa vie tous les matins (j’ai eu beau être attentive : je n’ai pas repéré d’explications) ? A part cela, le roman n’est pas très original : le contexte reste celui d’un lycée américain et décrit les tourments de l’adolescence. Mêmes élèves, mêmes cours, mêmes histoires d’amour, même méfiance face au « passage à l’acte », noyée dans un érotisme diffus, que dans les histoires de bit lit, où l’anormalité de l’héroïne ressortit plus au genre fantastique. Mêmes relations difficiles avec les parents, mêmes angoisses existentielles : que vais-je mettre aujourd’hui (significativement, tous les mémos de Lili commencent par : « tenue »).Cela dit, le récit est bien mené : on a envie de débrouiller les fils compliqués de la mémoire de Lili mais la fin semble à la fois trop dense (à côté du début un peu lente et bâclée, confuse. Certains, sur le Net, y voient la promesse d’un deuxième tome…