La nuit des mis bémols
Manuela Drager
L’école des loisirs (« Medium »), 2012
Univers très fantaisiste
Par Maryse Vuillermet
Voici le dixième livre de Manuela Drager où Bobby Potemkine, le personnage central de cette histoire étrange et poétique, mène une enquête farfelue dans un monde où tous les personnages, qu’ils soient humains, animaux ou végétaux, ont une vie propre, selon une logique qui pourrait nous échapper.
Cette fois, Bobby est assis au bord du quai, observant les icebergs qui dérivent quand un corbeau transparent, Jean Gouanodon, l’alerte sur une étrange affaire de clafoutis rebelle. Le gâteau s’agite et mordille, affectueusement certes, toute personne souhaitant le déguster. Bobby est également troublé par la ravissante Lili Nebraska, qui peine à jouer sa Cantate golde depuis que tous les mis bémols ont disparu, et par Lalika Gul qui confectionne des gâteaux délicieux. Billy lui-même vit un terrible problème, le temps lui échappe, le jour et la nuit se succèdent toutes les heures, il ne peut les retenir.
Au début, quand on s’embarque dans cet univers, on cherche une logique, et on attend d’avoir parcouru une dizaine de pages, pour se dire que non, il n’y a aucune logique, on navigue dans un univers parallèle, personnel, loufoque, gentil, affectueux, original et l’enquête n’est qu’un prétexte pour se poser des questions : Rêve-t-il ? Les pluies de météorite et le défilé des icebergs sont-ils un message d’alerte pour nous annoncer des dérèglements climatiques majeurs, ou ne sont-ils là que pour leur étrange beauté ? Les amours de Bobby et de Lilli à l’odeur envoutante de savonnette au gingembre seront-ils récompensés ? Je crois qu’il faut accepter ces énigmes non résolues.
Si on entre, on laisse sa rationalité à la porte. Ce livre peut s’adresser à de jeunes lecteurs amateurs de loufoque et de fantaisie.