Charles à l’école des dragons

Charles à l’école des dragons
Alex Cousseau et Philippe-Henri Turin

Seuil Jeunesse, 2010

Variante esthétique sur un lieu commun

par Christine Moulin

 charles.jpgDès qu’on le voit sur la couverture, on a envie d’aimer Charles, le petit dragon qui naît dans « un parfum de fin du monde […], au sommet d’une montagne, sur un nid de graviers » : ses yeux émouvants, implorants, pleins de tendresse et de tristesse, rappellent ceux du Chat Potté de Shrek. Bref, on fond… Tout comme ses parents qui trouvent qu’il est le plus beau dragon du monde.

Les illustrations, somptueuses, ne nous détrompent pas. Seulement, voilà : Charles, à l’école, au lieu d’apprendre à voler et cracher, écrit des poèmes (enfin, plutôt des vers de mirliton, si on en juge par sa production). On devine la suite : de marginal, il deviendra admiré de tous ; d’ « intello » souffreteux, dragon majestueux.

Le propos est donc connu, voire ambigu (l’humour noir de Les Trois loups, du même auteur, était plus revigorant !). Mais le format, les couleurs, le dessin, les cadrages, tout fait quand même de cet album un plaisir… pour les yeux.

Compte avec moi

Compte avec moi
Philippe-Henri Turin,
Seuil, 2011

 Conter ou compter ?

par Christine Moulin

charles.jpg Revoilà Charles, l’adorable dragon. Il nous est revenu grâce à un album à compter, conçu sous forme d’un accordéon dont les deux faces peuvent s’explorer (c’est le principe de la collection « Clac book », nom qui va faire frémir les adversaires de l’invasion anglaise…). Sur une face, Charles compte jusqu’à 10, comme le veut le genre ; sur l’autre, on retrouve les éléments dénombrés dans un « tableau » d’ensemble.

Charles a toujours la même bonne « bouille ». Mais il est toujours aussi ambigu : est-il vraiment très judicieux de présenter le fait de n’avoir « que » huit doigts (quatre à chaque patte) comme une catastrophe ? Compter, c’est alors, enfin, être conforme à la norme…

Allez, ne « chipotons » pas : souhaitons simplement que Charles ne devienne pas un produit qui se vende sur T-shirt, trousse, gomme ou autres gadgets.