Sade Up

Sade Up
Franck Secka, Philippe Huger (ingénierie papier)

Rouergue, 2011

La pensée Pop Up

par Anne-Marie Mercier

sadeUp.gifDisons-le d’emblée, même si la précaution peut sembler inutile vu le titre : cet album n’est pas pour les enfants, ni pour les âmes sensibles.  Pourtant c’est un Pop up, et il en déploie toutes les ressources : constructions qui se déploient en relief, rabats permettant de multiples permutations, tirettes dévoilant ou découpant des objets et des corps, roues faisant défiler les possibles…

Il ne s’agit pas d’illustrer une œuvre particulière de Sade mais de proposer dans chaque double page une petite scène de théâtre à sa manière. On y trouve de nombreux pastiches : une fausse Chapelle Sixtine, des tableaux revisités, des montages de peintures, gravures, photographies colorisés… L’objet est superbe et dérangeant.

Quant au propos, il a le mérite de faire réfléchir à ce que crée un pop up. Ainsi, ce qui, dans le domaine de l’enfance, sert le jeu, la curiosité et l’exploration de la limite des possibles peut être détourné (mais est-ce un détournement ?) vers d’autres domaines. Que ceci soit appliqué à une œuvre qui semble à beaucoup totalement étrangère au monde de l’enfance ne peut que faire réfléchir au désir de voir, commun à l’enfant et au personnage sadien. Dévoiler ce qui se passe dans la chambre des parents, ou sous les vêtements du grand duc, mettre en pièce des petits poissons… tout cela dira quelque chose aux spécialistes de l’enfance ; pour les rares spécialistes de Sade qui fréquenteraient ce site, ils méditeront également les propos de la préface de Michel Surya : il s’agit de « mettre la pensée elle-même en représentation, une représentation à laquelle c’est la machine qui commande ou à laquelle on commande par la machine » belle définition du pop up.