La fille qui parle à la mer — Le garçon au chien parlant

La fille qui parle à la mer

Le garçon au chien parlant

Claudine Galea (ill. Aurélie Petit)

Éditions du Rouergue, 2013

La mer, dans ses bras

par François Quet

D’une part, c’est Oyana qui passe « de l’autre côté » sur le dos agité de la mer. De l’autre, c’est Loïc qui ne sait pas ce que sont les « réfugiés ». L’histoire de Loïc prend la suite de celle d’Oyana à laquelle elle propose une issue heureuse : ils seront tous deux, l’un pour l’autre, princesse et prince.

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Belle histoire certes que celle de cette adoption, dont on aimerait sans doute qu’elle condense la réalité. Claudine Galea raconte ces deux récits, qui ne font qu’un, au présent la plupart du temps (« Maintenant ils marchent le long de la plage »). Elle enferme le lecteur avec ses personnages dont elle donne à entendre la voix, limitant la représentation de l’extérieur (le décor, les autres…) au strict nécessaire (la voix du passeur, quelques mots des parents de Loïc). Et les nombreux récitatifs donnent une grande puissance aux événements.Il y a une forme de théâtralité dans cette présentation des personnages, ; tout cela donne en tout cas, le sentiment d’une grande présence, intense et rayonnante : « Et elle se dit, J’ai perdu mes chaussures. J’ai perdu le bateau, j’ai perdu les autres (…) et Oyona entend sa propre voix murmurer, Tu n’es pas perdue, Oyana, tu es de l’autre côté de la mer, regarde comme c’est beau ». Les accents durassiens se retrouvent encore dans la brièveté des phrases, la fréquence des reprises anaphoriques, les retours à la ligne, le sens du silence :

« Cette année, c’est différent.

Cette année, il n’est plus seul.

Cette année, il voudrait rester à la maison.

Il voudrait que l’été recommence.

Il voudrait aller courir sur la plage avec Oyona. Il voudrait ramasser les coquillages avec elle. Il voudrait nager avec elle. Il voudrait tout faire avec elle. »

Ces deux petits récits de Claudine Galea constituent donc une belle histoire d’amitié et d’accueil, mais on retiendra surtout la grâce d’une écriture qui force l’attention et suggère l’aventure intérieure au delà des événements et de l’anecdote.

Docteur Pim et moi

Docteur Pim et moi
Irène Cohen-Janca

Éditions du Rouergue, 2014

Nino et les docteurs clowns

par François Quet

9782812606847Nino est à l’hôpital, sérieusement malade. S’en sortira-t-il ? retournera-t-il au MacDo avec sa mère qui ne sait plus comment lui faire plaisir ? Ira-t-il jusqu’au Spitzberg avec son père ? Aura-t-il un jour le droit de finir sa lecture de Peter Pan dont le héros tient jusqu’au bout compagnie aux enfants qui vont mourir ?

Au début Nino ne supporte pas les plaisanteries des docteurs clowns. Il se plonge dans un jeu video, dédaigne les blagues douteuses du docteur Chipolata ou du docteur Ketchup. Pourtant, quand l’infirmière chef qu’on appelle Cruella interdit aux clowns de revenir, Nino s’investit dans la rébellion qui conduira au retour des clowns à l’hôpital.

C’est un bel et nécessaire hommage aux clowns qui, dans les services hospitaliers, travaillent à soulager par le rire la souffrance des petits malades. On aurait quand même aimé une histoire un peu plus inspirée. Si le portrait des deux parents est touchant et contrasté, les autres personnages sont un peu caricaturaux, et le suspense, qui tient à la seule méchanceté de Cruella, n’est ni complètement vraisemblable ni très convaincant.