Le Souffle du géant

Le Souffle du géant
Tom Aureille
Sarbacane, 2021

Dans les méandres des contes

Par Anne-Marie Mercier

Un enfant part en quête pour trouver le remède qui sauvera sa mère. Voilà un schéma de conte bien connu. Il a été illustré entre autres par la comtesse de Ségur dans « Le bon petit Henri », dans lequel un petit garçon, conseillé par une fée, part chercher en haut de la montagne la plante de vie. Après bien des épreuves et des rencontres effrayantes (géant, loup…) il réussit ; il revient victorieux et riche de présents reçus en récompense de ses bonnes actions.
De cette base traditionnelle, Tom Aureille a fait une histoire très originale. Il n’y a pas un enfant héroïque, mais deux, et ce sont deux filles, deux sœurs qui tentent de trouver et tuer un géant de la montagne, dont le souffle doit ressusciter leur mère.
Leur parcours est semé d’embûches, les humains étant aussi monstrueux que la sorcière qui les accueille sous l’apparence d’une gentille vieille dame (comme dans « Hansel et Gretel »). Ils sont en outre suivis par un homme mi protecteur mi hostile dont on ne comprendra les raisons que plus tard. Tout est empreint de magie, les personnages comme les lieux.
La fin de l’histoire, loin de ressembler au conte de la Comtesse, célèbre la solidarité, celle des deux sœurs comme celle des peuples qui les accueillent. Elle met aussi en cause l’héroïsme, chose rare, et l’influence des croyances, donc des contes.

Tout cela est magnifiquement raconté, les images crépusculaires de la quête alternant avec le récit plus clair de ce qui l’a précédée, le récit se dévoilant peu à peu à travers une belle dynamique, dans un suspens permanent.

Les Malheurs de Sophie

Les Malheurs de Sophie
Comtesse de Ségur
Illustrations de Sophie de la Villefromoit

Seuil Jeunesse, 2010

Sophie illustrée

Par Anne-Marie Mercier

Cette réédition est proposée dans un bel objet à couverture cartonnée, au papier épais, à la mise en page soignée. Un bel emballage, redoublé par les rubans de différentes couleurs en tête des chapitres, les vignettes encadrant les titres et numéros de page…

Un côté « léché » qui conviendrait sans doute mieux aux petites filles modèles qu’à Sophie, et un aspect nostalgique qui plaira peut-être plus aux grands-mères qu’aux enfants. Mais les illustrations ne cherchent pas à gommer les aspérités de l’histoire. Elles proposent des profondeurs de champ (gros plan sur le pain et la crème), des points de vue radicaux (plongée sur Sophie sous la pluie, ou sous la pluie ; contre plongée sous Sophie grimpant à l’armoire…) et la représentation des personnages, notamment de Sophie, est savoureuse.