La Fille qui navigua autour de Féerie dans un bateau construit de ses propres mains

La Fille qui navigua autour de Féerie dans un bateau construit de ses propres mains
Catherynne M. Valente
Traduit (Etats-Unis) par Laurent Philibert-Caillat
Illustrations d’Ana Juan
Balivernes, 2015

Sur la mer des histoires

Par Anne-Marie Mercier

Quelle bellCouvRVB_LaFilleQuiNaviguaAutourDeFeerie_10cme surprise et quels merveilleux moments de lectures ! « Moments » est au pluriel car c’est un livre qui se déguste, qui infuse, qu’on n’a pas envie de finir, enfin un livre rare. Cela ne signifie pas qu’il n’a pas d’intrigue : l’héroïne, une fois enlevée sur les ailes du vent vert, fuyant les « tasses à thé roses et jaunes et les petits chiens affables », a bien des obstacles à surmonter pour entrer dans Féérie, retrouver des objets perdus par des sorcières, résoudre des énigmes, sauver ses amis échapper aux manipulations de la Marquise tyrannique qui règne sur ce monde, retrouver la bonne Reine mauve (à moins que les deux n’en soient qu’une), et tout simplement survivre à de nombreux dangers, le pire étant représenté par la forêt d’automne qui la transforme un temps en arbre mourant, se dépouillant peu à peu de ses feuilles et de ses branches.

L’héroïne s’appelle Septembre, elle porte une robe orange, et la veste verte laissée par le vent. Une atmosphère automnale domine: nostalgie des choses au moment où elles étaient dans tout leur éclat, impression d’une fin imminente… Les amis qu’elle rencontre sont étonnants et tous en quête d’un objet ou d’un être perdu : la merveilleuse Lessive qui vous plonge dans des bains qui vous lavent du passé et vous insufflent du courage, le surprenant Vouivriothèque, A-à-L, mélange de vouivre (proche du dragon) et de bibliothèque, qui sait tout ce qui dépend des mots de la première moitié de l’alphabet, un garçon de pierre bleu…

Si le livre est épais, il peut se lire en étape ; chaque chapitre est consacré à la découverte d’un monde et de la logique surprenante, de ses habitants étranges. Il y a beaucoup de l’univers d’Alice, de nombreux clins d’œil, comme à celui de Lewis (un placard permet de passer entre les mondes), mais aussi un grand nombre d’inventions surprenantes et poétiques. Poétique aussi le style, avec une traduction merveilleuse qui crée un rythme, une musique prenante. Quant aux illustrations elles sont à la hauteur du livre, originales, touchantes, un peu grinçantes… elles sont entre Rébecca Dautremer et  Teniel, proprement merveilleuses.

A conseiller à tous les amateurs de féérie un peu cruelle et décalée, petits et grands !

 

 

 

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