Les Neuf Vies de Philibert Salmeck
John Bemelmans Marciano, Sophie Blackall
(Les Grandes Personnes), 2014
8 façons de mourir extraordinaires + 1
Par Anne-Marie Mercier
Dans la lignée des enfants milliardaires insupportables, Philibert bat de loin Artémis Fowl. Il faut dire que, comme son nom l’indique, il est le descendant d’une horrible famille qui a été à l’origine de bien des malheurs pour l’humanité : le capitalisme c’est eux, la déforestation, les génocides, le changement climatique… tout leur sert à asseoir leur fortune mais – bien mal acquis ne devant pas profiter –, ils meurent tous jeunes.
Philibert décide de vaincre la fatalité en se faisant greffer huit vies supplémentaires à partir de son chat (oui, les chats ont neuf vies et un dessin nous le prouve en montrant l’organe qui est à l’origine de cette particularité).
Le récit montre un enfant déchainé prêt à se lancer dans toutes sortes de sports ou de conduites à risque, jouant avec la mort de manière assez bouffonne et très vite rattrapé par le réel : lorsqu’il arrive (rapidement) à la fin de son capital, la peur s’installe – leçon de La Peau de chagrin de Balzac pour les plus jeunes?.
Entre humour grinçant et fable philosophique, ce petit récit est illustré de manière très expressive et caricaturale en noir et blanc ; il pose la question de la vie et de la mort, du prix que l’on oublie d’accorder à l’une et des différentes façons d’arriver à l’autre, tantôt en négligeant les conseils avisés de l’entourage tantôt en les prenant trop à la lettre. Surprotection et exposition au danger sont les deux chemins qui mènent le personnage à sa perte.