Un Oiseau juste là

Un Oiseau juste là
Emilie Chazerand, Marie Leghima
Sarbacane, 2023

 

Comme un oiseau…

Par Anne-Marie Mercier

On retrouve un peu la veine d’Ungerer, en plus douce, dans cet album étonnant et suave. Tout d’abord parce que le héros est un adulte, et même un adulte d’âge plus que mûr : tout repose sur le fait qu’il n’a plus un seul cheveu. Il a en plus une moustache un peu ridicule, de l’embonpoint, des bretelles, un intérieur très kitch et désuet… Et des chapeaux très démodés pour masquer sa calvitie.
Un jour, lors d’une promenade, un petit oiseau s’installe sur son crâne. Impossible de le déloger. Les tentatives pour le chasser de la maison une fois rentré, « avec sa voix dure comme un lundi », s’avèrent vaines ou cruelles, et le cœur glacé de Bernard finit par fondre.
Ils ne se quitteront plus… jusqu’au jour où l’oiseau, qui, comme le dit Bernard « n’est pas son oiseau, mais un oiseau,[…] ne lui appartenait pas. L’amitié ce n’est pas ça », décidera de partir. Entretemps, Bernard aura dû sortir sans chapeau et marcher en se tenant droit, images de sa nouvelle assurance et de son ouverture au monde.
Les couleurs pastel, le dessin à la fois fin et caricatural, la ville aux boutiques bonbonnières, et les personnages grotesques évoquent également les albums Ungerer de la période de Crictor. Un animal  ramène un humain à la vraie vie en lui faisant accepter l’absurde d’une situation fantaisiste. Dans le même mouvement il lui fait abandonner sa vie d’autrefois, plus absurde encore.

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