La Fourmi, l’oiseau et le vaste monde
Niels Thorez, Valérie Michel
Éditions courtes et longues, 2021
Fable moderne
Par Anne-Marie Mercier
Vaste, cet album l’est par son format. Quant au monde… il est plus à hauteur de fourmi que d’oiseau car cette fourmi bavarde et vantarde n’en connait que sa représentation, sous la forme d’un globe terrestre qu’elle parcourt dans un salon-bibliothèque. Elle tient de grands discours à un oiseau qui s’est laissé entrainer par son bagout. Elle essaie de le convaincre qu’elle connait mieux le monde (vaste) que lui et qu’elle a beaucoup de choses à lui apprendre. Évidemment, l’oiseau ne s’en laisse pas conter et la fourmi finit déconfite, ou même plus.
On voit qu’ici sont critiqués les voyageurs en chambre, mais aussi les voyageurs qui assomment les autres du récit de leurs aventures, les voyageurs qui se contentent de cartes postales, d’itinéraires convenus, au lieu de se livrer à la belle liberté de l’oiseau au vol sans contraintes.
La narration est faite en vers de mirliton et dans un français légèrement ampoulé mais limpide, à la manière de La Fontaine, les dialogues sont savoureux. Le caractère un peu improbable de l’histoire (soit, c’est une fable) et son côté bavard sont contrebalancés par la précision des dessins, les jeux d’échelle et la beauté des couleurs : le salon aux belles bibliothèques, le globe, mais aussi les magnifiques paysages évoqués par la fourmi (on voit alors qu’elle connait des détails qui dépassent la carte : aurait-t-elle lu les ouvrages de la bibliothèque?), donnent de la subtilité à ces confrontation entre grand et petit, carte et territoire.
Christine Moulin avait déjà rendu compte de ce joli album, dans des termes à peu près semblables, sur lietje.