Le Petit album des poils

Le Petit album des poils
Pernilla Stalfelt
Traduit (suédois) par Sandrine de Solan
Casterman (les choses de la vie), 2010

Tout, vous saurez tout…

par Anne-Marie Mercier

Il y a tout dans cet album, documentaire et cependant humoristique et parfois loufoque ; tous les types de poils, tous leurs lieux, leurs rôles, ce qu’on fait avec (ou sans). Les dessins qui ne cherchent ni l’esthétisme ni le réalisme ont un côté joliment ébouriffé. Le texte, faite de phrases courtes ou de notations brèves est adapté à tous les lecteurs.

Pernilla Stalfelt, auteure suédoise a été traduite dans la collection « les choses de la vie » dans laquelle on trouve ses albums sur tous les sujets brûlant que sont les poils l’amour, le caca, la mort, la peur, la violence… l’ensemble est joyeux.

L’alphabet des gens

L’alphabet des gens
Przemyslaw Wechterowicz et Marta Ignerska
Traduit (polonais) par Margot Carlier
Rouergue, 2010

Alphabet des grands

par Anne-Marie Mercier

Cet alphabet est un très bel album, conçu autour d’une belle idée : prendre des silhouettes de gens et en faire des lettres (on retrouve ici une idée ancienne sur l’invention de l’écriture). Des ventres font un D, des cheveux un J, deux hommes qui se serrent la main un H… Les figures humaines sont dessinées à l’encre sur un fond clair, découpé et collé sur un fond coloré. Les lettres sont superbement étalées. Le texte, un peu elliptique, fait entendre les voix de toutes les personnes croquées : vieux, jeunes, hommes et femmes, etc.
C’est un bel objet à feuilleter, à savourer, mais ce n’est pas le support idéal pour  faire apprendre les lettres à des enfants de trois ans. On le verrait mieux pour des enfants plus âgés (ou des adultes) travaillant sur la forme et le trait.

Humanimal, notre zoo intérieur

Humanimal, notre zoo intérieur
Jean-Baptiste de Panafieu, Benoit Perroud et Lucie Rioland
Gulf Stream, 2010

Curiosa

par Anne-Marie Mercier

Le corps humain est décliné par cet album documentaire en plusieurs chapitres : les membres, la tête, la peau, l’intérieur du corps, hommes et femmes, comportements… Chaque double page se décompose en textes courts décrivant les caractéristiques de l’humain, les origines, l’évolution et enfin un encadré intitulé « le saviez vous ? », toujours curieux et intéressant. Les illustrations humoristiques sont le plus souvent bien vues contrairement à ce qu’on trouve trop souvent dans ce genre d’ouvrage.

Ainsi, en quelques pages, on peut s’amuser et apprendre des notions de biologie, d’histoire du vivant et du comportement… les pages sur la couleur de la peau sont très intéressantes.

Il est rare de trouver un album aussi bien adapté à la jeunesse, à la fois simple et ambitieux. L’auteur Jean-Baptiste de Panafieu, est un scientifique qui enseigne en collège. Il est aussi le directeur de cette collection pour laquelle il propose un modèle exemplaire.

Que faire de notre temps ?

Que faire de notre temps ?
Dieter Böge, Bernd Mölck-Tasse
La Joie de Lire, 2010, traduit de l’Allemand (collectif)

Oui, que faire de notre temps ?

par Christine Moulin

Cet album, « à tendance » pseudo-documentaire, décline la réponse, forcément incomplète, en un format répétitif : un texte, dont le titre est à l’infinitif, parsemé de petits croquis qui illustrent, (expliquent ?) certains mots ; une image pleine page, qui fait la part belle aux personnages, disproportionnés par rapport à la scène dans laquelle ils figurent. Toutefois, le propos est quelque peu ambigu : s’il s’agit de présenter les professions aux jeunes enfants, cet album est « encombré » par des réflexions qui peuvent paraître superflues ; s’il s’agit de faire réfléchir les plus grands, peut-être peuvent-ils être rebutés par des explications qui leur sembleront trop simples.

La première page rappelle l’album Pain, beurre et chocolat, d’Alain Serres (Rue du Monde, 1999), en évoquant les tâches, accomplies par des milliers d’anonymes, qui rendent possible la vie de chacun. Le cadre est posé, le destinataire est pris à parti : « Tu pourrais d’ailleurs remercier à longueur de journée toutes sortes de gens que tu ne connais pas ».

Mais les activités professionnelles ne sont pas les seules à être décrites : on trouve ainsi des textes qui ont pour thèmes « courir », « aider », « apprendre », etc., renforçant l’aspect « philosophique » de l’ensemble. Certaines affirmations sont discutables ; peut-être le but est-il d’ailleurs qu’on en discute, en classe, par exemple : « Une chose est sûre : le savoir ne peut pas disparaître. […] Les chercheurs veulent absolument tout savoir ».

Parfois, le ton se fait humoristique : dans le décalage entre texte et image (le peintre est, en fait, un tatoueur), dans les questions saugrenues : « Au fait, les boulangers, quand prennent-ils leur petit-déjeuner ? » ; dans la pirouette finale : « Souviens-toi que quoi que tu fasses, du rodéo ou de la lecture, tu ne dois jamais oublier de te brosser les dents et de rester aimable ». On est d’autant plus surpris par des passages plus didactiques, plus pesants, dont on a du mal à percevoir le second degré : « Prendre du bon temps n’est en aucun cas de la paresse ! »