Abel et la bête
Yann Coridian
L’école des loisirs (neuf), 2011
Dépression paternelle, errance filiale
par Anne-Marie Mercier
  La bête, c’est la dépression dans laquelle plonge brutalement le père d’Abel. Le roman, c’est l’histoire d’Abel face à la bête et à ce naufrage. On le suit jour après jour, avec son père, puis avec sa grand-mère lorsque celui-ci est l’hôpital, puis seul, errant dans Paris, et enfin avec un couple de psy chez qui il débarque pour demander du secours.
 La bête, c’est la dépression dans laquelle plonge brutalement le père d’Abel. Le roman, c’est l’histoire d’Abel face à la bête et à ce naufrage. On le suit jour après jour, avec son père, puis avec sa grand-mère lorsque celui-ci est l’hôpital, puis seul, errant dans Paris, et enfin avec un couple de psy chez qui il débarque pour demander du secours.
Les événements sont vus d’un point de vue d’enfant qui serait simplificateur : la maladie est une bête qui s’est installée pour un temps dans le corps du père. La vie est faite de petits riens, de repas, d’un exposé à faire, de rencontres avec les voisins, avec des copains. Le ton ne verse pas dans le pathos. Abel raconte ; il s’attache à des petites choses pour vaincre sa peur. Tout est dit simplement, et c’est déjà bien. Dommage que le titre fasse un peu trop polar.
 
			 Chef d’œuvre : il fallait oser, dans un livre pour enfants, parler du mal de vivre, de la mélancolie, superbement figurée par un poisson monstrueux. Mélancolie qui s’attaque à une petite fille, fragile comme un émouvant croquis, comme une ébauche, malgré ses flamboyants cheveux roux. Cela aurait pu être didactique, pesant, ou gênant. C’est tout simplement magnifique. La puissance symbolique des illustrations ne s’épuise pas en une seule lecture. Comme chez Anthony Browne, et le compliment n’est pas mince, on découvre toujours quelque chose de nouveau : un cadenas, un requin, un robinet, et on s’interroge car rien, on le sent, n’est gratuit ni aléatoire.
Chef d’œuvre : il fallait oser, dans un livre pour enfants, parler du mal de vivre, de la mélancolie, superbement figurée par un poisson monstrueux. Mélancolie qui s’attaque à une petite fille, fragile comme un émouvant croquis, comme une ébauche, malgré ses flamboyants cheveux roux. Cela aurait pu être didactique, pesant, ou gênant. C’est tout simplement magnifique. La puissance symbolique des illustrations ne s’épuise pas en une seule lecture. Comme chez Anthony Browne, et le compliment n’est pas mince, on découvre toujours quelque chose de nouveau : un cadenas, un requin, un robinet, et on s’interroge car rien, on le sent, n’est gratuit ni aléatoire.