Journal d’un amnésique
Nathalie Somers
Didier jeunesse (romans), 2019
Reconstruction ou résilience ?
Par Anne-Marie Mercier
L’ amnésie est une situation intéressante dans un roman : le lecteur découvre ainsi en même temps que le personnage son identité, ce qu’il est, quel est son entourage… et le passé n’est pas un arrière-plan mais l’objet d’une quête, ou plutôt, ici d’une enquête.
En effet, si l’on sait très vite que Romain, 15 ans, a perdu la mémoire après une chute dans le couloir de son lycée, on ne sait pas ce qui a occasionné sa chute, ni ce qu’est devenu son téléphone portable. On ne sait pas non plus (le récit est narré à la première personne, par Romain) ce que ses parents lui cachent, ce que représentait cette photo ôtée du mur de sa chambre, et quelles relations il entretenait avec la belle Morgane et avec le trouble Elias. Le récit fonctionne comme un roman policier, avec ses fausses pistes, ses moments de suspens et sa révélation finale.
C’est la pas belle et impopulaire Adeline qui va lui ouvrir les yeux sur celui qu’il était avant, très éloigné de celui qu’il se sent être dans cet après : qu’est ce qui a forcé Romain à adopter ce profil bas, cette allure « ectoplasmique » ? La réponse est du côté des gens de son âge, sur fond de harcèlement (encore un procès contre les réseaux sociaux) et l’éducation parentale. Le portrait des parents est intéressant, complexe et sans concession, et le happy end improbable mais rassurant.
Si le personnage de Romain est un peu plat et ne se construit que peu à peu, ce qui est normal vu le sujet, le personnage d’Adeline est très affirmé et magnifique. Toutes ses répliques sont du grand théâtre, parfois drôle, toujours acide.
Si le personnage de Romain est un peu plat et ne se construit que peu à peu, ce qui est normal vu le sujet, le personnage d’Adeline est très affirmé et magnifique. Toutes ses répliques sont du grand théâtre, parfois drôle, toujours acide.
Si le personnage de Romain est un peu plat et ne se construit que peu à peu, ce qui est normal vu le sujet, le personnage d’Adeline est très affirmé et magnifique. Toutes ses répliques sont du grand théâtre, parfois drôle, toujours acide.
Le message adressé aux lecteurs, fait d’optimisme, d’acceptation du destin et d’ouverture à la beauté intérieure, invite à la méfiance vis-à-vis de tout ce qui brille et s’impose au groupe, et à l’évitement du grégarisme et de la lâcheté. En prime, on y trouve un éloge de la culture, du théâtre et de la musique.