Mon hippopotame

Mon hippopotame
Janik Coat
Autrement, 2012

 Variations sur un cétartiodactyle

Par Christine Moulin

41C+y35KRXL._SL500_AA300_On avait déjà admiré l’abédécaire de Janik Coat. Ici, le propos est inverse, en quelque sorte puisque le thème est constant (un hippopotame) et que la variété vient des mots qui lui sont associés, organisés par paire d’antonymes. Certains sont attendus: petit/grand, léger/lourd ou même gauche/droite. Mais dans ces cas-là, les dessins, si caractéristiques de la manière de l’auteur, surprennent et ravissent, pleins de ronde douceur et de gaieté (les petits yeux de l’animal semblent briller de malice et de gentillesse). Et surtout, il y a toutes les paires que l’on n’attend pas et qui permettent des trouvailles tactiles (doux/rugueux) ou graphiques: plein/vide, opaque/transparent, positif/négatif, carré/rond ou (hilarant) face/profil. Enfin, certains couples de mots invitent à la réflexion: absent/présent, libre/emprisonné, singulier/pluriel… Le genre « livre des contraires » est ici renouvelé avec un réel bonheur.

Ricochet aussi a aimé!

ABC bestiaires

ABC bestiaire
Janik Coat
Autrement Jeunesse, 2012

D’Antonin à Zadig

Par Christine Moulin

45239L’abécédaire est un genre ancien… Nous voilà loin, ici, des merveilles victoriennes, aux illustrations chargées. Tout est épure, à commencer par les pages de garde, qui montrent des dessins en noir et blanc, aux douces formes arrondies. La courbe, tel semble le parti pris de cet album, en effet, ainsi que les aplats de couleur, qui ne pourront que réjouir les yeux enfantins. Mais les parents et les plus grands pourront aussi apprécier la discrète originalité qui donne son prix à ce moderne imagier. La structure, accumulative, permet d’aboutir à une image foisonnante, une fois le « z » atteint. Mais surtout, ce qui est à la fois ludique et instructif (le mot est lâché…!), c’est que les mots écrits à chaque page n’indiquent pas le nom du nouvel animal représenté, mais lui associent un prénom. C’est ainsi que la baleine, semble-t-il, s’appelle Barbara. On s’imagine les jeux linguistiques qui peuvent alors naître spontanément: Didier le dindon, Florimond le flamand, Gaby la grenouille…  Pour vérifier si « l’on a juste », si l’on a bien identifié le nouvel animal, il faut se reporter à une liste, à la fin de l’ouvrage ou sur la quatrième de couverture, liste qui, en elle-même, est déjà jubilatoire, comme l’ensemble du livre, dont on peut présager qu’il sera longtemps et souvent feuilleté.

Voir aussi l’enthousiasme de nos amis de Ricochet.