Saltimbanques

Saltimbanques
Marie Desplechin, Emmanuelle Houdart

Thierry Magnier, 2011

Sublimes jongleries

par Anne-Marie Mercier

Saltimbanques.jpgOn a ici un « album »  au premier sens du terme : une collection d’images, un portfolio d’artiste. Personnages au corps ou aux vêtements étranges, inscrits sur fond blanc dans un cadre minimal mais emblématique, ils forment une sorte d’encyclopédie. Ils représentent différents emplois du cirque : colosse, dompteur, ventriloque, femme à barbe… le familier le dispute à l’étrange, voire au monstrueux et certains sont franchement inquiétants. Le très grand format  convient parfaitement aux superbes portraits composés par Emmanuel Houdart.

 Marie Desplechin  leur donne un nom, une origine et propose pour chacun une histoire. Certaines sont limpides, d’autres très complexes. L’ensemble forme une troupe unie par de multiple fils et le tout est bien plus qu’une juxtaposition de textes et d’images : une oeuvre naît. On aura sans doute deviné qu’elle sollicite un lecteur avancé ou très accompagné et qu’elle ravira, quel que soit leur âge, tous ceux qui apprécient l’une ou l’autre créatrice.

Le Journal d’Aurore

Le Journal d’Aurore
Marie Desplechin
école des loisirs (médium), 2011

« jamais contente », « toujours fâchée », etc.

par Anne-Marie Mercier

Le Journal d'Aurore.jpg Voici réunis en un volume les trois volets du journal d’Aurore, intitulés « jamais contente », « toujours fâchée » et « rien ne va plus », parus entre 2006 et 2009. Aurore est le prototype de l’ado insupportable, version « fille », bien sûr.

Mécontente de tout, et surtout de sa famille (parents qui ne comprennent rien, petite soeur bonne en classe, grande soeur rebelle mais sans ambition…), elle passe une partie de l’année chez ses grands-parents qui tentent de l’aider.

Amitiés décevantes et pourtant indispensables, amours ridicules et pourtant vitales, fugue virtuelle, catastrophes scolaires… la vie d’Aurore est bien sombre. Mais elle est éclairée par l’humour de la narratrice qui met dans ce journal la quintessence de la négativité adolescente au point qu’elle en devient comique et que tout ado pourra s’y reconnaître. On y trouve aussi quelques éclaircies: un miracle ( un professeur de mathématiques qui a deviné sous le cancre hostile le talent caché), la découverte de la musique et du travail dans un groupe, une complicité enfin.