Maman Houtuva ?

Maman Houtuva ?
Vincent Malone, Soledad Bravi
Seuil, 2013

Cetalire !

Par Christine Moulin

9782021099256A la question récurrente, voire obsédante, qu’ont connue toutes les mères qui travaillent, et dont toutes les variantes sont envisagées, ce livre fournit des réponses très drôles. Il ne faut pas se laisser tromper par son apparence matérielle: les pages en carton très épais laissent à penser que ce sont plutôt les tout-petits les destinataires. Or, il n’en est rien: ce sont les grands, voire les adultes, que ce livre peut ravir par le jeu (qu’un Alain Le Saux a popularisé) sur sens propre et sens figuré, mais aussi sur les homonymes. Jeu qui, toujours, fait sourire, qui, parfois, fait rire aux éclats (qui n’a pas, dans sa vie, « lancé une machine »?) et qui, de temps en temps, dédramatise des situations plus graves: c’est ainsi que les expressions « mettre le grappin sur ton père » et « recoller les morceaux » se retrouvent judicieusement l’une en face de l’autre et que même la maladie d’Alzheimer est envisagée sous un angle humoristique (quand on voit une vieille dame courir après la boule qu’elle a perdue…).

Finalement, bien plus que certains livres qui se veulent féministes, cet album défend les femmes, campées dans leur diversité, de façon à la fois cocasse et tendre par Soledad Brami, et il rend hommage à leur courage, à leur dynamisme, à leur volonté de défendre les valeurs vraies, au milieu du tourbillon qu’est leur vie.

 

 

Ma première nuit ailleurs

Ma première nuit ailleurs
Chiaki Okada, Ko Okada
Seuil jeunesse, 2012

L’apprentissage de la séparation

Par Caroline Scandale

Un petit lapin s’apprête à vivre sa première nuit loin de sa maman. Il serre fort son doudou crocodile. Triste et angoissé, il ne trouve pas le sommeil. Le lendemain matin, il songe à sa maman qui lui manque. Heureusement ce malaise ne dure pas longtemps car la petite fille qui l’héberge est adorable avec lui. Elle s’évertue à lui redonner le sourire avec une infinie tendresse. Au fil de l’histoire ils s’apprivoisent et tissent des liens d’amitié. A la fin du petit séjour, lorsque sa maman vient le chercher, Haruchan a le cœur gros. Bien sûr ils se reverront bientôt…
Les couleurs de cet album sont pâles, et ses dessins crayonnés, empreints de sobriété et de délicatesse. L’ombre de la couverture cède rapidement sa place à la lumière. Après la tristesse et l’angoisse, revient le temps de la gaité et du partage.
L’histoire et les illustrations se marient élégamment et mettent en scène de nombreuses thématiques propres à la petite enfance, notamment celle de la séparation mère/enfant nécessaire et salvatrice, celle du doudou, objet transitionnel par excellence et l’amitié comme moyen de dé-fusionner. Dès 3 ans.