Les mystères de Larispem, t. 1 : Le sang jamais n’oublie

Les Mystères de Larispem, t. 1 : Le sang jamais n’oublie
Lucie Pierrrat-Pajot
Gallimard Jeunesse, 2016

Mystères parisiens

Par Anne-Marie Mercier

Ce premier roman de Lucie Pierrat-Pajot a été sélectionné, comme l’an dernier La Passe-miroir de Christelle Dabos, par le jury du concours du premier roman organisé par Gallimard Jeunesse, RTL et Télérama. Comme le précédent, il est le premier volume d’une série et est très original.

Il se situe dans le cadre d’une uchronie : la Commune de Paris a eu raison des Versaillais en 1871 et est devenue une cité-état indépendante. Elle a chassé les prêtres et les aristocrates, la profession la plus respectée est celle des bouchers qui ont mené l’insurrection ; leur argot, le louchebem a donné son nouveau nom à la ville. Ainsi, derrière ce titre imité des Mystères de Paris, on devine l’influence d’Eugène Sue et de fait le roman est rempli de ressorts du roman populaire (coïncidences, vertu malheureuse, complots, reconnaissances…). Jules Verne est lui aussi bien présent, comme personnage mais aussi dans la description des technologies de ce monde parallèle au nôtre, souvent inventives et charmantes.

Les mystères s’accumulent, une malédiction plane, l’Allemagne complote, les rues de Larispem sont sombres et pleines de dangers et nos héroïnes, bientôt rejointes dans l’action par un orphelin étrange, sont en danger…

 

Sens interdit

Sens interdit 
Alain Grousset et Danielle Martinigol

Flammarion, 2010

 Une version « ukronique » du Parfum

 par Christine Moulin

sens interdit.jpgNous sommes prévenus dès l’abord : ce roman est une « ukronie » et comme tel, fait partie d’une collection dirigée par Alain Grousset. L’Ukronie, qui est une branche féconde de la science-fiction, décrit « un temps imaginaire, une autre Histoire que celle que nous connaissons ».

Ici, l’idée de départ est qu’un virus a privé les hommes, parfois totalement, mais le plus souvent partiellement, de leur odorat. Des religieux, les Flagellants, en ont profité pour imposer leur domination sur le monde, en classant, grâce à une machine appelée électro-olfactogramme, les humains en castes, selon les odeurs qu’ils parviennent encore à sentir. Ainsi peut-on être , par exemple, « odorant végétal boisé » ou « odorant végétal chimique » ! Et cela influe, bien évidemment, sur le métier que l’on exerce et sur la place à laquelle on peut prétendre dans la société. Ceux qui sont totalement anosmiques en sont le rebut. Oui, mais voilà : certains humains sont des Odorants absolus : ils sont alors pourchassés par les Flagellants qui voient en eux une menace contre leur pouvoir. On l’a déjà deviné : Mathis, le héros, est un Odorant absolu. Le roman raconte pourquoi, et c’est la partie la plus intéressante, et relate ses déboires, lorsqu’il essaye d’échapper à ses poursuivants et de rendre l’odorat à l’humanité. C’est alors un (très) honnête roman d’aventures. Poursuites, combats, méchants, traîtres, histoire d’amour, tout y est.

Le roman se lit d’une traite, même s’il n’est pas le feu d’artifices d’odeurs auquel on aurait pu s’attendre. Mais on lui pardonne car il se termine par un si bel aphorisme : « L’amour, c’est d’abord aimer follement l’odeur de l’autre »…