Haïkus – Petits poèmes pour tous les jours

Haïkus – Petits poèmes pour tous les jours
Illustré par Mickaël Jourdan
Gallimard jeunesse 2022

L’éphémère à portée des enfants

Par Michel Driol

Les éditions Gallimard ont la bonne idée de rééditer ces Haïkus déjà parus en 2002, avec de nouvelles illustrations de Mickaël Jourdan. Une belle préface, signée de Guy Goffette, défend en termes simples une conception de la poésie très axée sur les mots, choisis tant pour leurs sons que pour leur sens, et qui font exister ce qui n’existe plus. La postface, le monde entier dans un haïku, propose une définition du haïku, en cite les principaux auteurs classiques japonais, de Bashô à Taneda, et donne enfin l’envie d’en écrire.

Au cœur du livre 40 haïkus, regroupés par 4 en dix pages, selon des thématiques proches. On parcourt ainsi les saisons, du printemps à l’hiver, on y trouve l’évocation des éléments naturels, comme les fleurs des arbres, les petits animaux, (fourmi ou escargots), l’eau, la pluie, le soleil, pour terminer sur quatre haïkus évoquant la nuit, peut-être de façon plus métaphysique, comme ce haïku de  Masaoka Shiki:

La nuit est sans fin –
je pense
à ce qui viendra dans dix mille ans.

Ces haïkus conjuguent l’éphémère et l’immuable, offrant ainsi une belle entrée en matière à la richesse de cette vision de la nature, finalement proche de l’émotion ressentie par le jeune enfant devant les beautés du monde qui le surprennent, belle façon aussi de lui faire comprendre ce qu’est essentiellement la poésie bien loin des concepts liés à la métrique : rimes et vers.

Les illustrations proposent des doubles pages à la fois épurées et parfaitement illustratives des haïkus qui leur correspondent. On trouvera ainsi la pluie, la mer, le cerf-volant dans des compositions qui manifestent à la fois le souci du détail et de l’atmosphère générale. Elles ne manquent pas non plus d’humour, toujours à chercher dans les détails !

Un beau recueil qui permettra aux plus petits d’entrer dans une certaine conception de la poésie et aux plus grands d’avoir envie d’écrire à leur tour des haïkus.

 

Les Choses qui s’en vont

Les Choses qui s’en vont
Béatrice Alemagna
Helium, 2020

Autant en emporte le vent…

Par Anne-Marie Mercier

Malgré l’écho nostalgique du titre, le propos est léger et heureux : ce qui s’en va, ici, ce n’est pas la jeunesse, les amours, les être aimés, le temps… non, rien de tout cela, qui ne ferait d’ailleurs pas sens pour l’enfant.
C’est une égratignure qui s’efface, une bulle de savon qui se dissipe ­­– pour aller où ? – les larmes, la peur, les poux… tout cela donne l’idée d’une vie légère, où un coup de vent peut tout changer, et faire partir ce qui est représentés ici à grands traits (ou pointillés) sur des feuilles de calque : il suffit de tourner la page transparente pour que l’image apparaisse débarrassée des traits qui l’obscurcissaient (les idées noires), ou simplement de signes qui altéraient le blanc (la musique).
Les images mêlant peinture et crayonnés aux pastels gras montrent des personnages de tous les âges, de toutes couleurs de peau, sous des angles divers et dans des situations quotidiennes variées : faire du vélo, prendre un thé, bricoler, dormir : toutes sont des occasions pour se souvenir que tout passe… sauf une chose : vous aurez deviné laquelle ?
Un bel exemple de philosophie légère et heureuse.
Cet album a été et sera offert à tous les enfants du Val de Marne nés en 2020.