Les aigles de pluie

Les aigles de pluie
Eric Simard
Syros,  2011

Indiens du futur

Par Christine Moulin

aigles-de-pluieD’Eric Simard, nous avions déjà lu L’enfaon.  Les mêmes atouts se retrouvent dans ce nouveau roman : il s’adresse aux plus jeunes et l’écriture, quoique simplissime, reste exigeante, voire poétique. C’est un livre de science-fiction, bien que la science soit très en retrait, cette fois, au même titre que l’anticipation. En fait, seul le contexte se rattache au genre: Choden et son amoureuse, Tirdyk, vivent sur une planète, Aiaé, que les Terriens ont colonisée. Ceux-ci se sont entretués mais nos deux héros (dont on ne sait pas grand-chose, même pas l’âge) sont les descendants des « gentils », de ceux qui ont refusé la violence. Ce sont des enfants-pluie qui peuvent se fondre l’un et l’autre en esprit dans le corps d’un rapace et, par leur vol, provoquer la pluie bienfaisante. C’est pourquoi on a surtout l’impression de lire une histoire d’Indiens, rehaussée d’un message écologique.

Le clan de Tirdyk et Choden subit l’attaque des Kins, avides de l’eau dont leur propre cupidité les a privés : les deux enfants sont faits prisonniers. Mais tout sera bien qui finira bien, évidemment. Bien… mais un peu vite : le dénouement arrive trop tôt, trop facilement et en devient presque invraisemblable. Sinon, le récit reste positif et il peut sans doute intéresser les plus jeunes ou les lecteurs effrayés par la grosseur des volumes…

 

L’enfaon

L’enfaon
Eric Simard
Mini Syros

L’avenir de l’amour

par Christine  Moulin

« Ses yeux… Je me souviens qu’ils étaient larges, très larges,…». C’est sur ce portrait quasi verlainien (« Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore… », Mon rêve familier) que débute ce court roman, destiné aux plus jeunes. Deux atouts : c’est une histoire d’amour. C’est un livre de science-fiction. Ce qui fait de cet ouvrage une rareté, dans cette tranche d’âge (7-8 ans).

Leïla, donc, tombe amoureuse de l’enfaon, qui « conçu quelque part en France dans une couveuse artificielle », est un Humain Génétiquement Modifié, mélange d’enfant et de faon. L’enfaon, poète, a du mal à suivre en classe. Il subit les moqueries de ses camarades, ce qui brise le cœur de l’héroïne.

L’intrigue est mince et le dénouement rapide. Mais la lecture est facile et le propos, sans être très original, initie bien au genre. Ce roman constitue également un bon exemple d’histoire conçue à partir d’un mot-valise (d’ailleurs, la tante de Leïla ne s’occupe-t-elle pas d’un élevage de « chienchats », « chimères [qui ont] le devant du corps « chiens » et le l’arrière du corps « chats » ») ? Avis aux écrivains en herbe…

Le site d’Eric Simard : http://www.ericsimard.net/bio.htm