Le Bal d’anniversaire

Le Bal d’anniversaire
Lois Lowry
Traduit (anglais) par Agnès Desharte
L’école des loisirs (Neuf), 2011

Vive l’école, à bas les bals !

Par Anne-Marie Mercier

On a connu Lois Lowry plus inspirée, plus percutante (avec le célèbre Le Passeur, en science fiction, avec Les Willoughby, pastiche de roman réaliste, ou encore avec L’Elue, beau récit initiatique proche de la fantasy). Ici, elle s’essaie au conte et accumule les stéréotypes, tout en modifiant quelques traits sans pour autant être très originale.

Une princesse s’ennuie ; comme elle va avoir seize ans, un bal est annoncé où elle choisira un époux. Pour voir un peu le monde avant cet événement bien ennuyeux lui aussi, elle échange ses vêtements avec sa femme de chambre (histoire type « Le Prince et le pauvre » de Mark Twain (1882) reprise par Disney, Fleischer, Foster, etc.) et va à l’école sous un faux nom. Elle y découvre les charmes de l’apprentissage et du jeune maître. Quant aux fiancés, ils sont tous aussi laids et ridicules que possible, on devine la suite. Certains passages de caricature outrée feront rire les très jeunes lecteurs, le côté romantique et sage plaira peut-être à quelques très jeunes lectrices : le classement en collection « neuf » malgré la longueur de l’ouvrage est judicieux.

Le site et le blog de l’auteure sont intéressants : j’y ai appris que les Mystères de Harris Burdick de Chris Van Allsburg (publié en 1984) venait d’être enrichi de nouvelles écrites par différents auteurs (Jon Scieszka, M. T. Anderson, Walter Dean Myers, Jules Feiffer, Louis Sachar , Stephen King , Sherman Alexie ) sous le titre de The Chronicles of Harris Burdick (voir l’article du Sunday book review) : je n’ai pas trouvé de traduction française : à quand ?

 

 

 

Le Prince Daucus Carota, fiancé-légume

Le Prince Daucus Carota
Thomas Perino

Seuil jeunesse, 2011

Le fiancé-légume

par Anne-Marie Mercier

Le Prince Daucus Carota.gif« Librement inspiré d’un conte d’ Hoffman », cet album propose une histoire gentiment loufoque, celle d’une princesse financée par erreur, non pas à un animal mais à un légume. Passionnée par son potager, Annette trouve un bel anneau d’or sur une carotte, l’essaye; il lui arrive la même mésaventure qu’au personnage de La Vénus d’Ille de Mérimée : elle est liée au propriétaire de l’anneau.

Les réactions successives de la jeune fille et les tentatives de son entourage pour la délivrer sont surprenantes et drôles. Les illustrations très colorées et très expressives ajoutent au charme et à l’humour de l’ensemble.

L’histoire est inspirée de très loin (« librement », certes) par la nouvelle de E.T.A. Hoffmann, Le petit Zachée, assez complexe, où le méchant est un radis féériquement modifié…

En fait, elle est bien plus proche de l’opéra d’Offenbach qui s’en inspire également et en donne une version très simplifiée, Le Roi Carotte, créé au théâtre de la Gaité, le 15 janvier 1872 (livret de Victorien Sardou). Le Roi Carotte, souverain des légumes, avec l’aide de la fée Coloquinte cherche à renverser le Roi Fridolin XXIV et à épouser sa fiancée, Cunégonde.