Les Mutants de la mine noire

Les Aventures inter-sidérantes de l’Ourson Biloute – Les Mutants de la mine noire
Julien Delmaire- Reno Delmaire
Grasset 2017

Au Nord, y a pas qu’les corons…

Par Michel Driol

Voici le tome 2 des aventures de l’Ourson Biloute. Rappelons que dans le tome 1, Blast Ador, le chef des extraterrestres veut prendre le contrôle de la terre grâce à la sauce Z qui réduira l’humanité en esclavage. Dans ce nouvel épisode, Biloute, Papa, Maman et Kévin vont visiter le musée de la mine. Là, Biloute est enlevé par le guide qui le conduit dans le laboratoire où le docteur Veggaline fabrique la fameuse sauce Z…. Biloute va-t-il devoir la gouter ? Non, car arrive à temps Lady Sparadrap, alias Maman.

Déjanté, humoristique, cet album est un hommage réussi aux séries populaires pleines de rebondissement. Par le style, aux nombreuses phrases exclamatives, et aux jeux de mots (façon titres de série noire hors de portée des enfants – Mutins de la Mer Noire – mutants de la mine noire – l’étoile Molaire).  Par les personnages aussi : le guide, habillé de façon carnavalesque, représenté façon Johnny Depp dans le film Charlie et la Chocolaterie, le docteur maléfique, la superhéroïne… Par les lieux : la mine, les wagonnets façon Indiana Jones et le Temple maudit, le laboratoire sous-terrain façon Blake and Mortimer…  Par les enjeux : un ourson en peluche sauvant le monde d’une attaque d’extraterrestres. Sans compter les allusions à une musique très seventies (éclectique, de Magma à Motorhead, en passant par Bachelet…). Les illustrations, avec leur côté psychédélique, renforcent cet aspect !

Ajoutons à cela un arrière-plan familial à la fois familier et social : l’ourson, bien évidemment, déteste passer à la machine à laver, et pourtant cela va lui arriver deux fois. Mais aussi le chômage du père, dont l’usine de petits pois risque de fermer. On est donc de plain-pied dans une famille ouvrière ordinaire. L’un des autres attraits de la série est l’utilisation d’un lexique du Nord – expliqué dans un glossaire à la fin –  Ce lexique a le mérite de ne pas être envahissant, mais de rendre hommage à des mots d’une langue populaire.

A suivre, bien évidemment… Et on attend la prochaine livraison avec impatience.

Les Aventures intersidérantes de l’Ourson Biloute : la baraque à frites de l’espace

Les Aventures inter-sidérantes de l’Ourson Biloute : la baraque à frites de l’espace
Julien Delmaire, Reno Delmaire
Grasset jeunesse, 2017

Toy story avec nounours

Par Anne-Marie Mercier

L’ourson Biloute – un ours en peluche – est le meilleur ami de Kévin, un petit garçon (trop) sage qui obéit à sa maman et accepte par exemple que son ours passe régulièrement à la machine à laver. Autant dire que, pour un ours aventureux comme Biloute, la vie est (trop) calme. Heureusement, il réalise son rêve en « se » perdant (ou se faisant perdre) lors d’une visite de Kevin à la « Ducasse » (fête foraine, dans le Nord) : il y retrouve les êtres qu’il a vus dans un film, la veille à la télévision – il la regarde en cachette pendant que Kevin dort sagement. Il affronte le terrible Blast Ador, le docteur Veggaline… mais heureusement il pourra compter sur l’aide du héros, lui aussi sorti de la « fiction » pour défendre l’humanité d’un terrible danger …

On pourrait reprocher aux auteurs de manquer de suite dans les idées car cet ours, qui est dit à plusieurs reprise ne pas pouvoir bouger ni parler, a bien des ressources, mais on ne leur reprochera pas de manquer d’énergie et d’imagination : le scenario, fait à l’arrache, va bien avec les illustrations au style un peu sauvage.

Biloute incarne un rêve d’enchâssement de l’imaginaire dans le réel, et met à jour les pouvoirs de la fiction tout en enrobant le propos dans une jouissance du quotidien et de son langage : le ch’ti en fait le sel (un glossaire est fourni en fin d’album). On ne saura pas à la fin si Kevin a fait exprès de perdre son ours pour lui inventer des aventures, mais on constatera qu’il sera ravi de le retrouver devant sa porte… pour de nouvelles aventures. ll y a plusieurs tomes dans ce genre « farfelu, rock-n-roll et déjanté » comme le dit bien Clarabel ).

La Saga de Sakari. Banquises de feu

La Saga de Sakari. Banquises de feu
Guillaume Lebeau

Rageot, 2012

Par Anne-Marie Mercier

sakariGuillaume Lebeau a  en tête une belle saga, un univers glacial superbe, des personnages attachants. Mais l’écriture à mon avis ne suit pas et c’est bien dommage. Elle adopte souvent un style épique (pourquoi pas, puisque c’est une « saga » ?), mais manque de naturel même dans ce cadre. Parfois, sur un ou deux paragraphes ce style prend, mais retombe ensuite, ce qui rend la lecture pénible.
Des astérisques signalent un lexique du nord très riche mais qui parfois qui laisse perplexe : est-il besoin de définir des termes comme « glace », « banquise », « phoque » ?