Sable bleu

Sable bleu
Yves Grevet
Syros, 2021

Anticipation ?

Par Anne-Marie Mercier

Depuis la trilogie très réussie de Méto, Yves Grevet fait partie de ceux dont on attend beaucoup dans le domaine relativement peu fréquenté de la science-fiction pour la jeunesse. La série de Nox lui avait permis, à travers des points de vue alternés, de mettre en scène non pas des garçons comme dans Méto, mais un garçon et une fille. Ici, c’est le point de vue d’un personnage féminin qui conduit l’histoire, personnage particulièrement éveillé et actif, contrairement au héros de Méto.
Tess a été adoptée. Elle vit avec des parents aimants mais qui ont du mal à communiquer avec elle et sont un peu perdus face à ses choix. Elle ignore ses origines et n’a jamais cherché à les connaitre. Elle en fera la découverte, difficile et douloureuse.
Adolescente, encore au lycée, elle s’interroge sur l’amour. L’un des fils conducteurs de la première partie du roman est sa découverte de la passion et du plaisir avec une autre fille, une étudiante un peu plus âgée qu’elle.
Tess fait partie d’un mouvement de militants pour la protection de la planète qui tente par tous les moyens d’alerter la population et de forcer les politiques à changer de méthode : manifestations, sabotages, affrontements, toutes les manières de faire sont abordées et le roman est une belle description de l’action de ces groupes. Le premier chapitre nous plonge dans une énigme : des vols sont commis chez elle, ses parents la soupçonnent un temps, mais ces vols sont répétés dans d’autres lieux, partout en France et dans le monde et semblent porter la marque d’une action d’un groupe militant pour une vie plus saine : des médicaments, des produits alimentaires industriels douteux, des substances toxiques disparaissent tandis que le pétrole est devenu inutilisable, contraignant les humains à une sobriété nouvelle.
Tandis que les autorités traquent les mouvement écologistes soupçonnés de ces actes, l’héroïne perçoit la présence de forces invisibles, et seuls quelques jeunes gens dans le monde ont ce pouvoir… Une policière qui croit comme elle en l’action d’extraterrestres tente d’agir tout en la protégeant. Parallèlement, des milliers de jeunes gens disparaissent un même jour de juillet, et parmi eux l’amour de Tess…
Ainsi, de multiples fils se nouent dans un roman ambitieux qui brasse beaucoup de questions, sans doute trop. Celle de l’orientation sexuelle est un des éléments qui apparaissent un peu plaqués sur les autres intrigues, d’autant plus que la tentative de Grevet pour rendre compte du plaisir féminin et relater les moments d’intimité entre les deux filles est marquée par l’utilisation d’un langage qui peut sembler souvent hétéronormé. Mais ses extraterrestres sont originaux ; l’avenir radieux qu’ils annoncent est une autre originalité et l’on va de surprise en surprise, notamment avec ce sable bleu, témoin de l’origine de Tess, qui pose encore d’autres questions…

 

 

Nox, t. 1 : Ici-bas et Aerkaos, le retour

Les Mutants de la mine noire

Les Aventures inter-sidérantes de l’Ourson Biloute – Les Mutants de la mine noire
Julien Delmaire- Reno Delmaire
Grasset 2017

Au Nord, y a pas qu’les corons…

Par Michel Driol

Voici le tome 2 des aventures de l’Ourson Biloute. Rappelons que dans le tome 1, Blast Ador, le chef des extraterrestres veut prendre le contrôle de la terre grâce à la sauce Z qui réduira l’humanité en esclavage. Dans ce nouvel épisode, Biloute, Papa, Maman et Kévin vont visiter le musée de la mine. Là, Biloute est enlevé par le guide qui le conduit dans le laboratoire où le docteur Veggaline fabrique la fameuse sauce Z…. Biloute va-t-il devoir la gouter ? Non, car arrive à temps Lady Sparadrap, alias Maman.

Déjanté, humoristique, cet album est un hommage réussi aux séries populaires pleines de rebondissement. Par le style, aux nombreuses phrases exclamatives, et aux jeux de mots (façon titres de série noire hors de portée des enfants – Mutins de la Mer Noire – mutants de la mine noire – l’étoile Molaire).  Par les personnages aussi : le guide, habillé de façon carnavalesque, représenté façon Johnny Depp dans le film Charlie et la Chocolaterie, le docteur maléfique, la superhéroïne… Par les lieux : la mine, les wagonnets façon Indiana Jones et le Temple maudit, le laboratoire sous-terrain façon Blake and Mortimer…  Par les enjeux : un ourson en peluche sauvant le monde d’une attaque d’extraterrestres. Sans compter les allusions à une musique très seventies (éclectique, de Magma à Motorhead, en passant par Bachelet…). Les illustrations, avec leur côté psychédélique, renforcent cet aspect !

Ajoutons à cela un arrière-plan familial à la fois familier et social : l’ourson, bien évidemment, déteste passer à la machine à laver, et pourtant cela va lui arriver deux fois. Mais aussi le chômage du père, dont l’usine de petits pois risque de fermer. On est donc de plain-pied dans une famille ouvrière ordinaire. L’un des autres attraits de la série est l’utilisation d’un lexique du Nord – expliqué dans un glossaire à la fin –  Ce lexique a le mérite de ne pas être envahissant, mais de rendre hommage à des mots d’une langue populaire.

A suivre, bien évidemment… Et on attend la prochaine livraison avec impatience.

Animorphs (vol. 1, L’invasion ; vol. 2, Le visiteur)

Animorphs (vol. 1, L’invasion ; vol. 2, Le visiteur)
K.A. Appelgate
Traduit (américain) par Nicolas Grenier
Gallimard jeunesse (grand format), 2012

Métamorphoses en série

Par Anne-Marie Mercier

animorphs-1-2Publiée en poche pour la première fois en 1997, adaptée à la télévision, cette série est reprise dans une belle présentation : la nouvelle couverture propose le visage d’un adolescent qui se transforme en tête d’animal (chat, lézard…) quand on l’incline.

Pour tout savoir de la menace des Yirks, horribles limaces qui prennent possession des corps et de la lutte d’un groupe d’adolescents qui a obtenu le pouvoir de se transformer en animaux, voir le site de wikipedia qui donne la liste des 48 volumes parus, de ceux qui n’ont pas été traduits, des hors séries, etc. C’est un monument de la littérature de science-fiction pour ados qui est ici réédité dans un mouvement inverse de l’ordinaire : le poche est réédité en grand format, signe d’une consécration de l’œuvre comme du genre.

 

 

Les Exoterriens

Les Exoterriens
Pascale Chadenat

L’école des loisirs (Neuf), 2010

Allo la terre ?

Par Anne-Marie Mercier

Les Exoterriens.gifMettez un bon élève en pension avec un voisin de chambre un peu bizarre et très cancre. Très vite, il participera à ses jeux interdits, ses bricolages, partagera ses mauvaises notes et enfin sa folie. C’est ce qui arrive au jeune Joseph, qui découvre la passion d’Adrien pour les étoiles et sa certitude que des « exoterriens » vont venir le chercher comme ils ont pris son grand père autrefois.

Le récit est loufoque et drôle ; il devient plus grave à la fin. Mais on peut être rassuré : Joseph saura tirer son ami de sa folie et en plus, aidé par l’intelligence des profs (merci l’école des loisirs !), le motiver pour ses études…