Pool!

Pool
Pascale Petit,  Renaud Perrin (ill)
Rouergue  2014,

  Jeux avec les mots  et les lettres

Par Maryse Vuillermet

Pool image  Pool comme poule sans « e » ou comme équipe en anglais.  En effet une écrivaine et un dessinateur se sont associés  pour parler de la poule et jouer avec les mots, les proverbes, les fables, les noms d’oiseaux, tout en respectant une consigne oulipienne : écrire sans « e ». Cela donne des jeux sur le langage, et sur toutes les figures autorisées. La recette de la tortilla sans e, des petites annonces de rencontres d’oiseau sans « e », des fables ( par exemple Le renard et le corbeau deviennent boss corbac and boss goupil) et des pages de Tintin revisitées, beaucoup de clins d’œil à l’OULIPO, à Georges Perrec dont on reconnaît le visage dessiné par Renaud Perrin, ou encore des références au cinéma de Hitchcock.

Le dessin et le texte  sont très inventifs, intelligents, drôles. A  recommander  aux enfants débrouillards et même aux parents rigolards.

La femme à barbapapa

La femme à barbapapa
Renaud Perrin
Rouergue, 2014

En piste, messieurs, mesdames!

par Christine Moulin

barbapapa1-480x640Cet album ne fait pas dans le « joli »: les illustrations, fondées sur les trois couleurs primaires, sont un peu « rugueuses » (le trait est celui de la linogravure, parfois les couleurs « dépassent », comme diraient les mômes). Mais il suffit d’entrer dans l’ouvrage pour se laisser prendre par son entrée en matière pyrotechnique. Dès le départ, nous sommes prévenus: ce que nous tenons entre les mains, c’est, ni plus ni moins, le livre de la destinée de Rosa, vendeuse de barbapapa, livre dont une voyante tourne les pages, sans rien révéler, bien sûr. Cette mise en abyme initiale se complique d’un jeu de miroirs aussi redoutable que les labyrinthes des fêtes foraines, dont l’atmosphère à la fois joyeuse et légèrement inquiétante imprègne toute l’histoire: multiples sens du mot « clef », double sens du mot « numéro », refrain du perroquet Okay (!), qui se reflète dans la boule de cristal de la voyante et répète deux fois le mots « doouble, dooouble », C’est ce volatile qui accompagnera notre lecture de ses interventions agaçantes et signifiantes.
Rosa rencontre donc Barbe Bleue, le mécano, et s’installe avec lui. En accéléré, le couple vit ce que vivent bien des couples: l’émerveillement, la lassitude, la rupture, les regrets. Mais heureusement, une petite fille veille et guide Barbe Bleue, qui retrouve Rosa, si bien que tout se termine sur le grand huit (à quatre…).
Nous avons donc affaire à une sorte de conte moderne et vieillot à la fois (la voiture de Rosa est une Ami 6, c’est dire!), joyeux et amer parfois, mais toujours riche en jeux de mots (à commencer par celui du titre) et de clins d’oeil (les hommes sandwichs s’appellent Moutarde et Mayo!…; les numéros des pages, à la manière des codes-barres de Ponti, font partie intégrante de l’illustration et de l’histoire: ils sont à l’envers quand les deux héros tombent amoureux, par exemple; quand Rosa disparaît, telle Alice, dans une porte dérobée, ils signalent la page où le couple sera de nouveau réuni, etc.). Sans doute cet album plaira-t-il aux adultes mais peut-être peut-il amuser les enfants. Comme le cirque, comme les fêtes foraines.