Caca Boudin

Caca Boudin
Stephanie Blake
L’école des loisirs, 2022

On révise les classiques (2)

Par Anne-Marie Mercier

Comme le temps passe : Caca Boudin a 20 ans !

Paru en 2002, ce petit album mettant en scène le héros récurrent de Stephanie Blake, Simon le lapin, a gardé son pouvoir de fascination sur les enfants, de même que l’expression qui a donné son titre à l’album. Ce titre, bien mis en valeur sur la couverture de l’album, montre que l’auteure s’amuse comme les enfants. Cette expression semble s’être maintenue de façon remarquable dans le folklore enfantin – qui l’a inventée ? – Caca boudin n’a pas pris une ride (!).
Le titre a gardé sa charge provocatrice : les jeunes parents adultes trentenaires sont restés sensibles à cette expression de leur enfance. Mais c’est aussi un sujet sérieux : la question des tabous sur la scatologie et sur les mots qui l’évoquent est délicate et difficile à traiter, de manière autoritaire ou pas.
Stephanie Blake a choisi d’aborder la question avec humour : « il était une fois un lapin qui ne savait dire qu’une chose… ». Toute la journée (et celle-ci est représentée avec ses différentes étapes, matin, midi et soir, il répond la même chose à tout ce qu’on lui dit. Jusqu’au jour où, un loup lui demande : « Je peux te manger mon petit lapin ? »

On ne divulgâchera pas la suite pour ceux qui ne la connaissent pas. Disons tout de même que les bienséances sont restaurées… provisoirement, et c’est bien normal tant le folklore de l’enfance aime la subversion.

Pipi! Crotte! Prout!

Pipi! Crotte! Prout!
Pittau et Gervais
Seuil jeunesse, 2012

Pipicacaprout!

Par Caroline Scandale

Pittau et Gervais, auteur/illustratrice de cet ouvrage et couple à la ville, ont à leur actif des dizaines d’albums en commun. L’originalité de leur travail est qu’ils ne prennent pas les enfants pour des idiots. A travers des thèmes en apparence légers, et de manière toujours décalée, ils font passer des messages intelligents dénués de toute moralisation pesante. On leur doit par exemple, Les interdits des petits et des grands où ils dressent l’inventaire leger de ce que les enfants ne doivent pas faire (pipi dans la piscine…) Et surtout, celui beaucoup plus serieux, de ce que les adultes n’ont absolument pas le droit de faire, comme toucher leur zizi ou zezette… Leur volonté de parler de choses qui dérangent est claire et réussie.
Concernant Pipi! Crotte! Prout!, il s’agit d’une réédition de trois albums cultes, réunis en un seul, à l’occasion des 20 ans de Seuil jeunesse. Le titre évocateur colle parfaitement au contenu… Phobiques d’humour scatologique s’abstenir!

Et pourtant… Comment faire rire un enfant si ce n’est en lui parlant de prout-pipi-caca? Et quoi de plus naturel et vital que cela? L’histoire transposée dans le monde animal permet à l’auteur de transgresser les règles de bienséance, obtenant ainsi des scènes cocasses. La plus marquante est celle du zèbre dans un restaurant, qui urine dans l’assiette d’un hôte installé à la table d’à côté, faute de pouvoir juguler ce besoin naturel…

Un ouvrage à posséder dans sa petite bibliothèque idéale des moins de 5 ans.