La Folle Rencontre de Flora et Max

La Folle Rencontre de Flora et Max
Martin Page, Coline Pierré
L’école des loisirs (médium + poche), 2018

Prisons – écrire pour s’échapper

Par Anne-Marie Mercier

Ce petit roman épistolaire déjà publié en 2015 méritait une réédition en poche, tant l’hisotire de Max et Flora est à la fois singulière et commune et tant elle est abordée avec délicatesse. Flora est en prison pur avoir blessé gravement une fille de sa classe qui la harcelait. Max lui écrit pour lui dire qu’il la connait de loin et qu’il a eu envie de lui écrire parce que leur situation est à la fois lointaine et semblable : il est lui aussi prisonnier.

L’histoire de l’un et de l’autre est distillée peu à peu, avec pudeur et sensibilité. L’humour de Max et l’énergie de Flora sont touchants, tout cela est parfaitement agencé, percutant, mais en douceur. Les lettres sont brèves et proches de ce qu’on pourrait attendre d’adolescents d’aujourd’hui, même si l’auteure préférée de Flora est Sylvia Plath…).

Quand un dinosaure déménage

Quand un dinosaure déménage
Nastasia Rugani

L’école des Loisirs (Neuf)

Struggle for life

Par Floriane Damien et Lisa Badard master MESFC Saint -Etienne

Ulysse a le cafard. Il déménage. Il quitte Paris et ses deux meilleurs copains, pour aller vivre à la campagne. Faire sa rentrée en milieu d’année, c’est délicat : il faut faire ses preuves pour être accepté par les autres élèves et ne pas rester « le nouveau ». Si Ulysse est préparé à cette épreuve, il ne s’attend certainement pas à devoir gérer la situation qu’il découvre. En effet, la classe de CM1 est déchirée par une guerre des gangs, rurale et enfantine (un petit clin d’œil à La guerre des boutons). D’un côté, il y a les « Crasseux », une de bande de garçons dirigée par une fille prénommée Charlie, et de l’autre les « Couettes », des filles puériles. Entre ces deux groupes, et leurs coups bas à répétition, Ulysse doit choisir son camp.

Des personnages repoussent les stéréotypes d’usage, tels que Charlie, LA chef des garçons, et Vicky la maîtresse au look gothique. Mais cette originalité demeure cependant peu convaincante, car malgré un épilogue ouvert, qui permet au lecteur d’imaginer une suite, force est de reconnaître que les péripéties finales et la guéguerre entre les deux bandes, sont prévisibles et un peu légères.

Dans ce roman, une place importante est consacrée au ressenti du personnage principal qui voit sa vie bouleversée. A travers ces épreuves, le lecteur réalise qu’Ulysse est particulièrement mature pour son âge. Une comparaison implicite se tisse au fil de la lecture entre le personnage et son identification à un dinosaure. Au fur et à mesure des décisions qu’il prend, il évolue du diplodocus au tyrannosaure. Il est possible d’imaginer que cette identification présente dans le titre, soit due à la différence entre les « locaux » et ce petit parisien, qui s’imagine complètement étranger.

Enfin l’auteur met en avant un sujet rare dans la littérature de jeunesse, à savoir les troubles psychologiques, à travers le personnage du père qui soufre d’agoraphobie. La narration interne permet au lecteur de le découvrir par les yeux d’Ulysse, et ce point de vue enfantin minimise la situation. L’ouvrage assez réaliste traite aussi avec justesse des difficultés liées à un déménagement. Les lecteurs qui ont été confrontés à cette situation se retrouveront donc aisément dans ce scénario.