Les Filles ne montent pas si haut d’habitude

Les Filles ne montent pas si haut d’habitude
Alice Butaud illustré par François Ravard
Gallimard jeunesse 2021

Si dissemblables et pourtant…

Par Michel Driol

D’un côté, il y a Timoti, garçon rêveur, un peu peureux, qui vit avec son père. De l’autre, il y a Diane, qui fait irruption dans sa chambre, et l’entraine dans une fugue échevelée et pleine de surprises. Jusqu’à ce qu’elle lui révèle qui elle est en réalité.

Voilà un roman enlevé et jubilatoire qui met en scène deux héros que tout oppose, et qui incarnent chacun, à leur façon, des stéréotypes, ou plutôt des contre-stéréotypes. C’est le garçon solitaire, pantouflard, ordonné, prévoyant – ne fugue-t-il pas avec sa valise à roulettes pleine de choses indispensables ? C’est la fille originale, intrépide, pleine d’énergie, d’envies, débrouillarde, entreprenante… Garçon manqué, aurait-on dit autrefois. La fugue de ces deux personnages fort différents les conduit à se découvrir, à affronter les mêmes dangers (une incroyable chasseuse à la casquette orange !), à partager les mêmes joies. Belle galerie de personnages secondaires : un père secrétaire à domicile, fabricant amateur de coquetières, qui, par erreur, étourderie, a donné à son fils le prénom d’un shampoing…, un facteur, et une mère partie faire du yoga aux Indes. Tout ce petit monde va se retrouver pour le plus grand plaisir de chacun et du lecteur bien sûr, qui va de surprise en surprise. L’écriture pleine d’humour – en particulier dans les dialogues vivants et piquants – raconte des aventures pleines de fantaisie. Ce tendre duo nous conduit petit à petit vers un dénouement inattendu, sur fond très actuel de relations familiales complexes, avec leurs difficultés, mais aussi leur réussites.

 Un « feel-good » roman d’apprentissage, aux situations souvent cocasses, plein de tendresse et de respect pour ses personnages, dont on sort ragaillardi !

 

 

Trop parfaite!

 

Trop parfaite!

Gigliola Alvisi

Traduit de l’italien par Françoise Liffran

La joie de lire (Hibouk), 2013

trop parfaiteBienvenue chez les ch’tis apuliens!

 Lucrezia est une jeune milanaise huppée à l’éducation parfaite. L’été de ses treize ans, elle est obligée de passer ses vacances chez sa tante des Pouilles, qu’elle ne connait pas. Elle découvre alors le sud de l’Italie que de nombreux « nordistes » aiment mépriser… L’antagonisme nord/sud italien est subtilement abordé.

L’héroïne découvre une vie aux antipodes de la sienne. Nourrie sainement depuis sa naissance, elle est initiée aux mets généreux. Élevée dans le calme et la retenue, elle est immergée dans une famille sanguine, au verbe haut, dont le quotidien tourne autour des allers-retours à la plage familiale. Elle découvre enfin et surtout la chaleur d’une maman imparfaite mais idéale à bien des égards…

Ce roman aborde également des sujets beaucoup plus graves, tels que le viol, le deuil d’un enfant, le secret de famille… Cela peut paraître un peu excessif pour un seul roman mais l’auteure réussit à construire une histoire cohérente et succulente comme un pain ciabatta arrosé d’huile d’olive.