La graine du petit moine

 La Graine du petit moine
Wang Zaozao, Huang Li (ill)
Hongfei 2014,

 Conte philosophique  

Par Maryse Vuillermet

la graine du petit moine Un conte philosophique à hauteur d’enfants. Un maître confie à trois élèves une graine d’un lotus vieux de mille ans, et leur demande d’en prendre soin et de la faire refleurir. Ben se précipite, il la plante au plus vite, et elle meurt. Jing, le studieux, lit tous les livre sur le sujet, et fort de son savoir, choisit l’engrais, la terre, le pot et  plante  la graine sous une belle cloche d’or. Mais la plante privée d’air frais meurt aussi. Pendant ce temps, An,  le serein,  vaque à ses occupations habituelles dans le monastère, il se déplace, se promène et travaille. Au printemps,  il plante sa graine dans un  coin d’étang et,  aux beaux jours,  la plante donne la merveilleuse fleur.

La leçon porte sur la manière d’agir, l’un, dans la précipitation et l’agitation inutile n’obtient rien de bon, le second cherche à dominer les choses par le savoir théorique, il échoue aussi, le troisième prend son temps,  observe le monde, la nature et les saisons, il attend le bon moment et trouve le bon endroit, il semble agir avec détachement  mais, en fait, il prend du recul et se décentre par rapport au problème.

A l’heure où la philosophie bouddhiste est à la mode en Occident, cette leçon devrait nous parler mais s’adresse-t-elle aux enfants  ou plutôt à leurs parents?

Le dessin est à la fois réaliste – nous sommes dans un monastère du VIIe siècle en Chine–, exotique mais aussi  poétique et intemporel, il est donc très approprié à la leçon du conte.

Si je grandis – Des ombres chinoises au goût d’infini

Mélusine Thiry
Si je grandis

HongFei, 2009

Des ombres chinoises au goût d’infini

Par Dominique Perrin

sijegr1.gifForte de son expérience d’illustratrice pour le marquant Marée d’amour dans la nuit de Xu Dishan, Mélusine Thiry continue à élaborer un univers d’une singulière beauté dans Si je grandis, dont elle a créé le texte et l’image. Jeune auteure et illustratrice, vidéaste et éclairagiste, elle explore, toujours avec les éditeurs qui ont encouragé son début, la magie de papiers découpés photographiés sur table lumineuse.
Si je grandis
est ainsi un poème verbal et graphique on ne peut plus cohérent, d’une légèreté merveilleuse, à mille lieues de la mièvrerie des paillettes obligées et ombres chinoises de pacotille dont les grands magasins pourvoient les rêveries des petites filles. La technique est ici bien solidaire d’un rapport à la vie ; si l’enfant est porteuse d’ailes de libellule, c’est bien parce qu’elle est toute mouvement, du corps et de l’esprit ; et le scintillement qui persiste sur la rétine du lecteur-spectateur trouve sa source à la fois dans le ciel des contes, partout présent en filigrane, et dans le firmament terrestre sur lequel s’ouvre la dernière page.

La bête et les petits poissons qui se ressemblent beaucoup – « Vague-à-bonder » en connivence avec les jeunes lecteurs de Taïwan

Pei-Chun Shih, Géraldine Alibeu
La bête et les petits poissons qui se ressemblent beaucoup

HongFei, 2011

« Vague-à-bonder » en connivence avec les jeunes lecteurs de Taïwan

Par Dominique Perrin

 A déguster : trois histoires rieuses, fondantes et nourrissantes de « la Bête », à qui le lecteur s’identifie rapidement et volontiers malgré son étrange physique de têtard-félin à corps de poupon (ou « écureuil-chat-limace » selon un groupe de jeunes lecteurs évoqué par l’illustratrice) : mentalement, elle est parfaitement humaine, ou humainement parfaite, curieuse et disponible – mais sa patience a des bornes – poète et attentive – et cela sans modération. Ce sont là comme trois épisodes d’une histoire bien plus ample, où l’on apprend, petit ou grand, à « vague-à-bonder » en toute confiance au pays des vivants mais aussi au pays des mots.

« La Bête », cousine lointaine plus étrange des Ranelot et Buffolet d’Arnold Lobel, est à Taïwan, son pays d’origine, l’héroïne d’autres histoires, et son propre parcours éditorial en constitue une à part entière. Elle a été créée en 2003-2004, publiée et primée par l’association de littérature de jeunesse de Taïwan en 2007, traduite pour la première fois et illustrée à nouveaux frais en France en 2011 (dans l’illustration taïwanaise, elle était encore autre, « toute mignonne, avec la queue d’un renard, le visage d’un ours et les pieds d’un cochon »)… (entretiens de Pei-Chun Shih et de Géraldine Alibeu en ligne sur http://blog-de-hongfei-cultures.hautetfort.com).