Je balayerai la terre

Je balayerai la terre
Susie Morgenstern – Chen Jiang Hong
Saltimbanque – 2021

Des gestes simples pour sauver la planète

Par Michel Driol

L’album commence par une première double page dans laquelle on parle de la Terre et on s’adresse à un tu. Puis c’est un « je » enfantin qui développe une série de gestes propres à sauver la planète, pour être digne de la confiance qu’elle place dans le bon sens humain. Recycler, réparer, consommer moins, trier, éviter le gaspillage… pour profiter des fruits et légumes offerts en abondance. Et l’album se termine sur une double adresse, à la terre d’abord, au lecteur ensuite pour l’inviter, comme le personnage du livre, à  délivrer la planète.

Ecrit avec des mots simples, le texte se veut facilement accessible à tous. Il fait assez souvent appel à des rimes, sans doute moins pour avoir un côté poétique que pour se faire slogan, facile à mémoriser. Il se fait donneur de leçons, de conseils, pour « remettre sur pieds la Terre », qui est le véritable personnage de l’album, personnage ambigu, à la fois mère nourricière, chérie, et bébé dont il convient de prendre soin. Il met en évidence cette relation particulière que les hommes devraient entretenir avec leur planète sans dramatiser quant à l’urgence climatique. Il s’agit donc plus ici de sensibiliser les enfants au respect de l’environnement.

Les illustrations, très colorées, jouent sur différentes nuances et différentes ambiances :  le bleu de la planète terre, des océans et du ciel, le rouge des fleurs et des fruits, mais aussi le noir pour dire les déchets, le gaspillage, le noir qui menace d’envahir les pages si on n’y prend garde. Présent dans chacune des doubles pages, l’enfant et là, serein et souriant, chevauchant une baleine ou méditant, écrivant ou rangeant sa chambre. Les illustrations prennent parfois un côté surréaliste comme lorsque des racines poussent sous les poubelles.

Un album écrit à hauteur d’enfant pour montrer que de petits gestes peuvent beaucoup, et inviter les lecteurs à réfléchir aussi, sans leur faire la morale, sur l’impact de leurs actions quotidiennes sur la Terre.

Le Facteur de l’espace


Le Facteur de l’espace
Guillaume Perreault

La Pastèque, 2016

Vive la poste et les postiers !

Par Anne-Marie Mercier

Cet album, entre roman graphique et BD, est un jalon dans l’histoire de la littérature de jeunesse en France : il a été le premier de son genre à recevoir un prix au Salon de Montreuil. De fait, le livre est si riche qu’il aurait pu recevoir plusieurs « pépites » d’un coup.

Bob, facteur « spatial », fait sa tournée régulière et y a pris ses habitudes. Un jour, on lui donne un autre circuit à faire et il ronchonne tout au long de cette journée, jusqu’à la fin, où son regard change. La pire journée de sa vie devient celle où il reprend un regard neuf sur les choses: il y a donc un zeste de philo dans cette petit e histoire.
Il salue ses amis les robots, son patron le poulpe, mange, et voyage dans un univers totalement futuriste mais aussi délicieusement daté, dans  un style de SF retro et humoristique. Ce voyage de planète en planète évoque celui du Petit Prince et justement c’est lui l’un des nouveaux clients de Bob, qui comme les autres a quelque chose à lui demander ou une épreuve à lui faire subir (dessiner un mouton, encore et encore, par exemple…).De la planète où il pleut à celle peuplée de chiens hurlants, il livre des objets divers : un parapluie, une théière, une lettre, un voyageur…

Tout cela donne peu à peu à ce facteur une grande humanité tout en faisant un beau portrait de ce métier qui relie véritablement les hommes. C’est drôle, surprenant, rythmé, et tendre.