Le Nom secret de Kenbougoul Quichon

Le Nom secret de Kenbougoul Quichon
Anaïs Vaugelade
L’école des loisirs, 2022

Les Quichon au temps des pandémies

Par Anne-Marie Mercier

En 2022, même le monde enchanté de la famille Quichon est marqué par les préoccupations sanitaires : l’histoire des premiers jours de la jeune Kenbougoul, que lui raconte son papa, est celle d’un bébé né au milieu des virus. Ceux-ci, lit-on, ont sans doute été attirés par les propos trop louangeurs autour de l’adorable petite Claire. Le médecin, après avoir tout tenté pour la sauver, donne un dernier remède : inverser le sort et l’appeler Kenbougoul, ce qui signifie « personne n’en veut ». Ça marche : Eric Virus et Julie bactérie (très horribles à l’image) vexés, la quittent.
On retrouve ici des notions anthropologiques anciennes ou exotiques : trop louer la beauté d’un enfant porterait malheur. Mythes grecs, contes populaires, dieux jaloux, tout cela s’accorde avec l’idée qu’il faut taire son bonheur. Si la fin est heureuse, l’histoire est un peu angoissante, montrant la détresse d’une famille autour d’un berceau où un enfant souffre et va peut-être mourir. Mais tout cela est adouci par la tendresse du père et de toute la famille, les teintes chaudes des images et et le courage de la petite héroïne.

 

L’innocent de Palerme

L’innocent de Palerme
Silvana Gandolfi

Traduit (italien) par Faustina Fiore)
Gallimard (folio junior)/Les Grandes Personnes, 2014

Witness à Palerme

Par Anne-Marie.Mercier

C’est un innocentdepalerme2roman bien réaliste que Silvana Gandolfi a fait paraître chez les Grandes Personnes en 2011 ; il réparait en poche, après la consécration que lui donnée le prix Sorcières et son inscription sur la liste des lectures conseillées pour les collégiens par l’éducation nationale.

Deux histoires s’entremêlent dans la première moitié de l’ouvrage, dont on voit mal comment elles peuvent se rejoindre : celle de Santino, enfant unique palermitain, très fort en course à pied, dont les pinnocentdepalerme1arents tirent le diable par la queue, et celle de Lucio, adolescent de Livourne, qui fait du voilier et  vit seul avec sa mère et sa petite sœur. Les deux histoires se rejoignent vers la moitié de l’ouvrage, expliquant tous les non dits et plongeant le lecteur dans un récit angoissant (mais pas trop) où la mafia semble partout, en quête du témoin qu’est Santino.

Réalisme et fantastique se mêlent également en fin d’ouvrage, nous faisant renouer avec des thèmes chers à Silvana Gandolfi pour qui le réel a bien des strates.