Le garçon qui courait plus vite que ses rêves

Le garçon qui courait plus vite que ses rêves
E
lizabeth Laird
Flammarion Tribal 2016.

Courir

par Bérengère Avril-Chapuis

Solomon a onze ans et vit dans un village reculé d’Ethiopie.

Solomon rêve de courir. D’ailleurs, dès qu’il le peut, il court…

Un beau jour, son grand-père -homme étrange et silencieux- décide de l’emmener voir la ville. L’homme est âgé et l’on s’inquiète : pourra-t-il vraiment conduire son petit-fils dans les rues poussiéreuses d’Addis Abeba où il n’est pas retourné depuis longtemps ?

L’on s’inquiète mais l’on respecte la voix du vieil homme plein d’autorité. Il emmènera Solomon parce que le temps est venu…

C’est ainsi que commence ce beau roman très dépaysant sur la relation d’un jeune garçon et son grand-père détenteur d’un secret hors du commun. Quête de soi, identité, transmission sont les thèmes majeurs que le lecteur explore dans ce beau voyage.

Ma mère, le crabe et moi

Ma mère, le crabe et moi

Anne Percin

Editions du Rouergue, septembre 2015.

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Comment réagir quand on a quatorze ans et qu’on découvre que sa mère a un cancer ?Surtout lorsqu’on vit seule avec elle.

C’est la question à laquelle la jeune narratrice de ce roman drôle et bien écrit se trouve confrontée. Son père -qu’elle voit peu- est parti un beau jour, quatre ans plus tôt, pour une autre femme. Son frère aîné a quitté la maison. C’est donc seule aux côtés de cette mère, aide à domicile pour des personnes âgées et qui peuple sa solitude en enjolivant un peu sa vie sur son blog (« Lectures et confitures ») que la jeune fille doit faire face.

Si la lutte contre « le crabe » comme elles l’appellent va renforcer leurs liens, elle va surtout les conduire toutes deux à une véritable métamorphose… amenant l’une à se reconstruire de force, l’autre à forger sa personnalité.

Drôle, pudique et sans une once de pathos, ce roman qui se lit d’une traite pose cependant de vraies questions sans en avoir l’air sur la maladie, les rapports mère-fille, la construction de l’identité féminine, l’amitié (réelle ou « virtuelle »), l’amour et, surtout, le dépassement de soi.

Un beau roman émouvant (dès douze ans).

Chien pourri sans collier

Chien pourri
Colas Gutman, Marc Boutavant (illustrateur)
L’école des loisirs (Mouche), 2013.

Par Bérengère Avril-Chapuis

Chien Pourri est né dans une poubelle et de nombreuses rumeurs courent à son sujet : il aurait été abandonné par ses parents, sentirait la sardine et confondrait sa droite avec sa gauche. Tout cela est vrai, mais ce n’est pas tout : Chien Pourri est également recouvert de puces et ne se

déplace jamais sans un fan-cub de mouches.

50106-h245Ainsi débute le premier volet de la très originale série des Chien pourri créée par Colas Gutman et le très doué Marc Boutavant. Sous un visage animalier et dans un registre humoristique très décalé, le personnage éponyme s’affirme, on l’aura compris à la lecture de cet incipit, comme le digne héritier de Lazarillo de Tormes. Chien pourri n’a ni nom ni maître, il pue, il est moche et il n’est pas non plus très intelligent – pour ne pas dire franchement bête. C’est donc un anti-héros à part entière qui fait sourire (voire franchement rire) le jeune lecteur à ses dépens, ce qui peut s’avérer une expérience un peu déroutante – et bien sûr amusante. Le lecteur a toujours une longueur d’avance sur le pauvre animal qui ne comprend ni ne devine jamais ce qui risque d’arriver : « Chien pourri, tu es aussi naïf que moche, et tu es très moche ! » s’exclame ainsi (p.33) son compagnon d’infortune Chaplapla, chat de gouttière de son état.

Toutefois, nous dit-on, Chien pourri est affectueux. En mal d’amour, le ventre creux, à la recherche d’un maître plus encore que d’un sac de croquettes, notre sac à puces se retrouve pris malgré lui dans divers épisodes aventureux, croisant brigands et autres trafiquants.

On peut regretter que cette veine ne soit pas davantage exploitée – on adorerait. Mais on reste ravi à la découverte d’un personnage aussi original, comme on l’est d’entendre de jeunes lecteurs rire à gorge déployée à la lecture de ses aventures. Les illustrations sont magnifiques – riches, précises, colorées, marquées du style unique de leur auteur – et ajoutent encore à la saveur et à l’humour totalement décalé de ce roman très adapté aux plus jeunes des lecteurs autonomes.

L’enfant et la baleine

L’Enfant et la baleine
Benji Davies (texte et illustrations).
Traduit (français) par Mim
Milan, 2013.

 

Par Bérengère Avril-Chapuis

l-enfant-et-la-baleineDes illustrations magnifiques dans lesquelles la couleur fait ligne – et quelle ligne… elle vibre, dans de délicats camaïeux, la plupart du temps sur les deux pages déployées : cet album est un voyage où tournant les pages vous sentirez l’air marin passer sur votre visage.

Noé ( ! ) vit seul avec son père – et leurs six chats – au bord de la mer.

Le père travaille beaucoup. Il est pêcheur.

Noé reste seul en compagnie des chats.

Noé se tait – il n’a pas de bouche, et son père n’est pas là.

Mais voilà qu’une nuit une grosse tempête rugit.

Au matin toujours seul Noé se promenant fait une étrange rencontre sur la plage… celle d’un baleineau échoué. Le petit garçon décide de le secourir. Mais que dira son père ?

Du chant des solitudes tues à celui des baleines au large, c’est un album plein de pudeur – de celles qui peuvent exister entre un homme et son fils – et de poésie qui s’ouvre là, jusque dans les pages de garde oniriques et profondes.

Prix jeunes lecteurs du Nord Isère 2014-2015.

L’amour et les tortues

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Un amour de tortue
Roald Dahl, Quentin Blake (illustrations)

Traduit de l’anglais par Henri Robillot
Paris, Gallimard jeunesse (Folio cadet « Premiers romans »),  2014 (1990), 70p.

Par Bérengère Avril-Chapuis

UnknownPublié en 1990 pour la première fois, ce très court roman de Roald Dahl ne figure pas parmi les plus connus de ses livres. Il est pourtant délicieux. On retrouve en effet toute la subtilité du grand écrivain, toute sa délicatesse dans le récit de cette histoire d’amour – car c’en est une. Monsieur Hoppy, un vieux monsieur solitaire et timide, jeune retraité, épris de fleurs (qu’il cultive sur son balcon, au sommet de la tour où il vit) est secrètement amoureux de sa voisine du dessous, madame Silver. Veuve, tout aussi esseulée que lui, celle-ci semble n’avoir d’yeux que pour sa petite tortue, Alfred. Mais voici qu’un jour de printemps, madame Silver confie à son voisin qu’elle voudrait qu’Alfred grossisse un peu.

Une idée aussi folle qu’amusante germe alors dans l’esprit de M.Hoppy…

Courte histoire d’amour, donc, où la malice, la fantaisie et l’humour occupent le premier plan, réservant un traitement très spécial au petit animal évoqué dans le titre. Les illustrations de Quentin Blake, savoureuses et très colorées, soutiennent la lecture et donnent tout son sel au texte.
En guise de prologue, une note de l’auteur nous livre quelques indications biographiques intéressantes pour entrer dans le récit.

Une excellente lecture pour les plus jeunes comme pour les plus grands.

La pizza

La Pizza 
Raphaël Fejtö
Playbac (Les p’tites inventions), 2015.

Viva Italia ?

Par Bérengère Avril-Chapuis

La Pizza deLes p’tites inventions, 2015 Raphaël Fejtö titille pupilles et papilles des jeunes lecteurs tout en nourrissant leur curiosité. D’où vient la pizza ? Qui l’a inventée ? Pourquoi la célèbre Margherita porte-t-elle ce nom ? Que savons-nous vraiment de ce plat familier tant prisé des petits (et des grands) ? Autant de questions auxquelles ce petit livre facétieux et malicieux se fera un plaisir de répondre avec humour et efficacité, nous faisant découvrir son histoire – mais aussi celle, conjointe, de la tomate. Sous des allures de petit livre sans prétention, c’est en réalité une petite histoire pleine d’intelligence servie par des illustrations vives, savoureuses, vraiment très drôles, un texte clair. Un bon moment de lecture partagée qui nous donne d’ores et déjà très envie de découvrir les prochains volumes (sur le stylo, les frites, les lunettes…) de cette toute nouvelle collection centrée sur des objets familiers du quotidien.

 

La Pizza

La Pizza
Raphaël Fejtö
PlayBac ( « Les p’tites inventions ») 2015

Par Bérengère Avril-Chapuis

La Pizza de RapLa Pizzahaël Fejtö titille pupilles et papilles des jeunes lecteurs tout en nourrissant leur curiosité. D’où vient la pizza ? Qui l’a inventée ? Pourquoi la célèbre Margherita porte-t-elle ce nom ? Que savons-nous vraiment de ce plat familier tant prisé des petits (et des grands) ? Autant de questions auxquelles ce petit livre facétieux et malicieux se fera un plaisir de répondre avec humour et efficacité, nous faisant découvrir son histoire –mais aussi celle, conjointe, de la tomate.

Sous des allures de petit livre sans prétention, c’est en réalité une petite histoire pleine d’intelligence servie par des illustrations vives, savoureuses, vraiment drôles, un texte clair. Un bon moment de lecture partagée qui nous donne d’ores et déjà très envie de découvrir les prochains volumes de cette toute nouvelle collection centrée sur des objets familiers du quotidien.