Jours d’école. Collectif de Haïkus

Jours d’école. Collectif de Haïkus
Collectif
AFH (Association francophone de Haïkus) et Renée Clairon (Canada), 2014

Poésie pour l’école ou école de poésie ?

Par Anne-Marie Mercier

C’est une rJours d’école. Collectif de Haïkusencontre inattendue, et pourtant évidente, que celle de la poésie scolaire d’autrefois (automne, école, sensations et souvenirs) avec les ateliers d’écriture et le haïku. Et pourtant ces petits poèmes en dix-sept syllabes (ou pas), évoquant une saison (ou pas) et structurés autour d’une césure (ou pas) sont proches dans l’esprit de beaucoup de nos classiques d’autrefois. Ce recueil franco-canadien propose des textes écrits par des adultes et des enfants, en français ou en espagnol (ceux-ci sont donnés avec leur traduction), lors d’ateliers d’écriture. Quelques témoignages sur ces ateliers en fin de volume éclairent les démarches et les buts de leurs animateurs, illustrant la variété des pratiques (à signaler, un beau témoignage de Thierry Cazals sur la pratique du choix d’un « nom de poète » par les scripteurs).

Des écrivains confirmés, membre de l’AFH, ont également contribué et le jeu qui consisterait à deviner qui a écrit tel ou tel poème (« haïkumane » ou débutant ? enfant ou adulte ? féminin ou masculin ?) est parfois difficile : on lit sans savoir, mais la solution est en fin de volume, c’est une très bonne idée. Un CD propose une lecture à voix haute pour accompagner ces évocations ; des illustrations en noir et blanc, sombres ou comiques, parfois nostalgiques, accompagnent ces évocations. De styles variés, elles sont dues à des étudiants canadiens en arts plastiques.

Les quatre saisons ordonnent la première partie, de la rentrée avec ses angoisses, la solitude, mais aussi les découvertes et les plaisirs de l’automne, au printemps, en passant par l’hiver, et finissant par la fin des classes et l’école abandonnée.

Cour de récréation –
seule au monde au centre
de son cerceau

Classe de neige –
les enfants apprennent à compter
avec les flocons

Deux élèves dans l’escalier
une ombre à quatre bras –
début du printemps

Marelle abandonnée
dans la cour de l’école –
un chat dort au ciel

Pour contacter l’Association francophone de haïku mavieen17pieds


Et pour lire un joli roman sur les ateliers d’écriture de haïkus à destination des adolescents : Ma Vie en dix-sept pieds de Dominique Mainard (école des loisirs, 2008)

 

Seuls dans la ville

Seuls dans la ville
Yves Grevet

Syros, 20011

L’atelier d’écriture enquête

Par Anne-Marie Mercier

Seuls dans la ville.gif   La qualité du roman précédent de Yves Grevet, Méto, trilogie de science fiction, créait une attente et c’est sans doute l’une des raisons d’un léger sentiment de déception à la lecture de ce nouveau texte. Il y a une certaine originalité, ce n’est pas mal écrit, mais l’ensemble est moins inventif, moins orienté vers la réflexion critique, et, bizarrement, moins crédible… En effet, Yves Grevet quitte ici le genre de la SF pour le policier, un genre qui demande davantage d’ancrage dans le probable.

L’idée de départ est séduisante : une enseignante de français propose à ses élèves de se répartir dans différents lieux de la ville pendant une heure et de décrire ce qu’ils voient, en choisissant leur manière de raconter. Le résultat est assez cocasse et pourra inspirer certains enseignants à la recherche de sujets d’ateliers d’écriture. Certains élèves choisissent le descriptif, d’autres le narratif, le biographique, le poétique, le politique, etc.

Tous donnent des indices qui vont permettre aux deux héros de résoudre le crime qui a été commis juste à ce moment là. L’intrigue est ralentie de façon excessive par les temps de collecte et de lecture des textes des autres élèves et le récit policier est entrecoupé de scènes familiales convenues et d’épisodes scolaires et sentimentaux que les adolescents d’aujourd’hui trouveront sans doute un peu tièdes (contrairement à ce que laisse penser la couverture).