Le Mime osa

Le Mime osa
François David – Henri Galeron
Møtus 2023

Calembours et calembredaines

Par Michel Driol

25 pages, 25 poèmes illustrés, 25 jeux de mots du type calembour, qui jouent sur les signifiants oraux, rapprochant ainsi des signifiés a priori éloignés, faisant naitre de ce rapprochement inattendu un nouveau sens. Ainsi samedi et ça me dit, le rhinocéros et le rhino c’est rosse, ou encore la douceur et la douce heure.

A l’invention poétique de François David correspond l’invention graphique d’Henri Galeron. Ces deux-là n’en sont pas à leur coup d’essai, et l’on retrouve dans une des illustrations la couverture de Nom d’un chien, qu’ils avaient cosigné ! Les illustrations donnent à voir un univers plein de tendresse et de douceur, où l’on croise le mime Marceau, des souris, des enfants, représentés à la fois avec réalisme et ce qu’il faut d’imaginaire pour entrainer le lecteur dans un univers plein de folie, où les murs ont des oreilles, où les adultes peuvent se baigner dans une tasse de café ou  se libérer de tout et s’envoler grâce au livre… Elles accompagnent les figures du double sens avec malice, comme cette représentation impossible de l’enfant se reflétant dans le miroir, sage et pas sage à la fois.

Les textes jouent donc avec la langue et provoquent des rencontres inattendues entre les babillements du bébé et des notes de musique, font souvent appel au champ lexical du livre : chat pitre et chapitre, petit homme et petit tome, livre et libre et se terminent avec l’évocation de l’émotion que peuvent provoquer les mots. C’est bien à une double exploration que ces textes nous invitent : celle de la langue, mais aussi celle de notre humanité, de la naissance à la mort sûre et redoutée, avec des allusions au coronavirus, aux incendies, mais aussi à l’amour, à la douceur et la tendresse. On voyage de Carentan à l’Everest, et on croise de nombreux animaux, éléphant et faon jouant ensemble.

Un recueil dans lequel des poèmes plein d’humour font corps avec des illustrations pleines de fantaisie, autour de la figure paradoxale du mime (présent sur la couverture et dans la dernière page ) : celui qui ne dit mot est aussi celui qui invite à écouter ce que les mots ont à dire.

Il était une fois Le Petit Chaperon rou…

Il était une fois Le Petit Chaperon rou…
Philippe Jalbert
Seuil jeunesse, 2021

J’ai la mémoire qui flanche…

Par Anne-Marie Mercier

 

Cet album raconte deux fois (ou plutôt une fois et demi) l’histoire bien connue de la petite fille en rouge. La première fois, c’est une blague : chaque page se termine au milieu d’un mot attendu (Cha…peron, Ga…lette, mé…chant loup, etc) et offre à la page suivante un autre mot (Cha…botté, Ga…zelle, Mé…rou), tout en continuant avec la trame habituelle du conte.
La première histoire s’arrête avant l’arrivée à la maison de la grand-mère. On reprend, cette fois sérieusement, mais il y a un autre problème !
Les illustrations sur fond blanc sont colorées et parfois expressives (pour le loup), souvent drôles. L’auteur suggère au lecteur de continuer avec ses pinceaux : c’est en effet une histoire déconstruite partiellement, à reformuler, un joli jeu.