Espèce de petit monstre

Espèce de petit monstre
Odile Hellmann-Hurpoil, Didier Balicevic
Père Castor, 2013

Entre littérature et « développement personnel »

Par Dominique Perrin

 espgesEspèce de petit monstre annonce clairement la couleur : il « aborde un problème » (selon la formule de l’abondante littérature à visée de soutien psychologique diffusée aujourd’hui à destination du couple parent-enfant), davantage qu’il ne propose une histoire autonome, fondée sur l’imagination comme valeur offerte en partage aux jeunes lecteurs. Par sa situation de petit dernier et sans doute par son sexe, Simon est affectueusement mais machinalement taxé par les siens de « petit monstre » : il aura à se retirer de la scène familiale et à se transformer symboliquement pour susciter un regard plus attentif et plus complexe sur sa personne.
On se trouve ici à une frontière stimulante entre littérature et « livre-médicament ». D’une part le récit est peu développé et semble d’abord piétiner : la « situation intiale » présentée ici n’est pas un tremplin vers l’imaginaire, mais une situation-problème à expliciter. D’autre part, les personnages ne sont pas dénués d’épaisseur et de fantaisie (cela va souvent ensemble), et témoignent de ressources qui pourraient faire d’eux les « forces qui vont » que suppose tout véritable récit. Il est peut-être dommage, dans cet entre-deux, que le style graphique retenu pour le texte comme pour l’image tire aussi nettement l’album vers le « documentaire psychologique ».