La Double Vie de Cassiel Roadnight

La Double Vie de Cassiel Roadnight
Jenny Valentine
L’école des loisirs, 2013

 

Par Anne-Marie Mercier

Dans un foyer ladoublevied’accueil pour adolescents à la rue, Chap qui refuse de donner son nom est reconnu comme étant Cassiel, un adolescent disparu deux ans plus tôt. Il joue le jeu pour échapper à ceux qui le poursuivent et peut-être faire l’expérience d’un foyer, d’un confort dont il a toujours manqué. Jenny Valentine explore le versant psychologique de l’usurpation d’identité, de façon un peu lourde : les cas de conscience de Chap sont répétitifs et entravent la dynamique du récit ; cependant, ils ont le mérite de dire de façon insistante au lecteur que tout cela va mal finir, avant que le personnage ne découvre que le foyer aimant qu’il a cru trouver (un peu invraisemblable, mais bon) s’avère être un piège. Dans cette histoire à laquelle j’ai eu du mal à croire, je retiens un très beau portrait de grand père non éducateur, une critique acerbe des services sociaux et une belle réutilisation du vieux thème de la « reconnaissance » cher au théâtre classique et au roman populaire.

L’Histoire en vert de mon grand-père

L’Histoire en vert de mon grand-père
Lane Smith

Gallimard jeunesse, 2012

par Anne-Marie Mercier

Auteur de C’est un livre et C’est un petit livre, Lane Smith sort de l’univers de l’imprimé pour se rendre au jardin. Dans ce jardin du grand-père, l’enfant voit figurés les événements de sa vie, ceux d’un temps ancien, différent de notre monde, sans beaucoup d’objets mais avec des ruptures (la guerre), des bobos (la varicelle), des rencontres… L’espace du jardin se fait temps, voyage… et le jardin garde la mémoire de celui qui la perd petit à petit.

Rien n’est asséné : à chacun de lire ce qu’il veut dans ce parcours… tout en vert.

La Pêche à la lune

La Pêche à la lune
Claude K. Dubois

Ecole des loisirs (Pastel), 2011

Une transmission poétique

par Sophie Genin

Claude K. Dubois, famille, grand-père, Sophie GeninMomo passe une mauvaise journée, mais alors vraiment mauvaise : il renverse son bol de chocolat, ses copains sont partis sans lui et son doudou est dans la machine à laver ! Heureusement, son papy arrive et l’emmène avec lui à la pêche à… la lune !

L’univers de Claude K. Dubois, auteur qui offre un regard poétique sur le quotidien, fonctionne à merveille dans ce petit album tout simple, nostalgique de belles relations inter-générationnelles riches. Il nous emmène avec lui, tout doucement mais sûrement, pour décrocher la lune ! La dédicace, « à mon père », finit de nous convaincre, s’il en était besoin, que cet ouvrage en forme d’hommage nous concerne tous, petits et grands.

Les Poings sur les îles:Un grand-père venu d’Espagne

Les Poings sur les îles
Élise Fontenaille, Violeta Lopiz

Rouergue, 2011

Un grand-père venu d’Espagne

par Anne-Marie Mercier

Les Poings sur les îles.jpg Élise Fontenaille, qui a publié de nombreux romans, s’essaye ici à l’album avec un hommage à un homme simple, à l’aise avec les plantes, les animaux et les enfants, moins à l’aise avec l’écrit et avec la langue française : comme le titre l’indique, il la transforme joliment. On découvre peu à peu son histoire d’enfant pauvre et de réfugié, on entend ses mots adressés à l’enfant à qui il transmet  ses connaissances et sa sagesse.
Ce portrait attendri est illustré de décors naturels aux couleurs vives dans lesquelles se cachent le visage et le corps du grand-père. Il est ainsi fondu avec les choses qu’il aimait, dans les souvenirs de l’enfant. C’est un joli portrait, intéressant surtout par le rapport à la langue, qui fait de l’erreur une source de poésie.