Intemporia –Tome 3 : La clé des Ombres
Claire-Lise Maguier
Rouergue 2017
L’ultime bataille
Par Michel Driol
On avait lu et apprécié les deux premiers tomes de cette trilogie. (Le Sceau de la reine – Le Trône du Prince). Le troisième et dernier volume clôt la série et on le lit avec autant de plaisir que les deux premiers. On retrouve les personnages, le nouveau roi Yoran, son ami Tadeck, sur lequel plane la menace d’un annoncement tragique, la reine Yelana et son frère, et tous les personnages secondaires, pittoresques, altruistes ou égoïstes, porteurs chacun d’une part de secrets. On retrouve aussi la géographie, la plaine sous son bouclier, le port de Causédalie, et la ville royale de Térendis-la-noire, mais aussi la forêt où règnent les Ombres que seul le roi légitime peut voir, et le lac de pierres des Tectites. Géographie qui renvoie bien sûr au genre, l’heroic-fantaisie, avec ses lieux qui peuvent être sordides ou fantastiques et magiques. On retrouve enfin le même souffle épique dans les combats entre les forces opposées.
Toutefois, ce volume approfondit une dimension philosophique et métaphysique qui s’inscrivait en filigrane dans les premiers volumes. C’est la question de la liberté de choix et de la mort qui se pose, plus que celle du pouvoir absolu. Ce que veut la reine, ce n’est pas le pouvoir absolu, c’est l’immortalité – intemporia, on a enfin la clé du titre. Quelle est la valeur de la vie ? La question éthique de la mort se pose : belles morts, morts cruelles, morts acceptées pour sauver quelque chose : comment accepter sa condition de mortel ? Jusqu’où va ce sort ? Tout est-il écrit – ou à tout le moins décidé d’avance ? De nombreux retours en arrière – l’heroic-fantaisie a cela de pratique qu’elle donne à certains personnages le pouvoir de (re)voir des scènes passées – conduisent les héros à s’interroger sur les plans de leurs parents : le père de Yoran, la reine, Yélan ont programmé dans les moindres détails ce qui allait se passer. Dans ces projets-là, quelle est leur part de choix ? Ce dernier volume complexifie encore la relation entre Yoran et la reine, faisant d’elle un personnage pus humain que ce que les premiers volumes montraient.
On quitte donc à regret cette série, comme on avait quitté Harry Potter. Certes, si leurs univers sont différents, ce sont les mêmes questions qui s’y posent : comment le passé conditionne-t-il le présent ? Quelle est la part de la liberté humaine ?