Dans la Baleine

Dans la Baleine
Jean Villemin
MazetoSquare, 2018

Quand le refuge est une prison (et vice-versa)

Par Anne-Marie Mercier

Les édifions MazetoSquare, qu’on a découvertes à Montreuil, existent (honte à nous !) depuis quelques années et ont déjà un beau catalogue de livres pour enfants, en plus de leurs ouvrages sur des sujets divers (politique, équitation…) disques et films. Dans la Baleine est paru dans la collection « Mauvaises graines » :
« La collection Mauvaises graines sème dans la tête de nos chérubins les grandes idées et les belles choses. Mais telles des herbes folles, les enfants en feront ce qu’ils veulent, et ils ont bien raison. Bille en tête ou tête en l’air, qu’ils n’arrêtent jamais d’avancer sur ce chemin extraordinaire qu’on appelle la vie. Qu’ils restent beaux et insouciants, sachant par avance, et par chance, que mauvaise herbe croît toujours… De 2 à 8 ans. »
Des belles choses, cet album en fait partie : les images de Jean Villemin sont superbes, allant de la douce aquarelle sépia ou bleue au noir de Chine profond. Le récit court et fluide s’ancre dans le mythe : on retrouve bien sûr celui de Jonas et de Sindbad dans l’histoire de la jeune fille cueillie par une vague gigantesque et engloutie (ou sauvée) par une baleine. Il rayonne vers des œuvres de littérature de jeunesse (Pinocchio, mais aussi Alice, c’est le nom de la jeune fille). Il fait écho à des événements encore présents dans nos mémoires courtes et nos imaginaires longs, comme le désastre du tsunami d’Indonésie en décembre 2004. Il frise la science-fiction avec l’image d’un monde dévasté dans lequel le ventre d’une baleine est le seul refuge sûr. Mystérieux, ouvrant de nombreuses portes, il invite au jeu des « si… ». Il est beau, mystérieux, et propre à faire grandir bien des graines.

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm
Ann Jonas, Sébastien Mourrain
Seuil jeunesse, 2013

GRRR !

Par Anne-Marie Mercier

hommealapeaudoursC’est un conte bien étrange que celui de L’Homme à la peau d’ours, des frères Grimm : Au début de l’histoire, on voit que la paix est un malheur… pour les soldats qui ne savent rien faire d’autre et que la société abandonne. A la fin, deux des personnages se suicident (certes, il s’agit des méchantes sœurs de l’héroïne). Au milieu, un pacte avec le diable : le héros accepte de revêtir une peau d’ours et de ne pas se laver ni se couper les ongles et les cheveux et ainsi de provoquer le dégoût chez ses semblables, malgré sa bonté. C’est une sorte de métamorphose réaliste qui oppose apparence animale d’une part, bonté et … richesse d’autre part, le second étant le plus souvent plus efficace que le premier.

Le mélange est curieux, entre obsession de l’argent et fantastique. Les dessins stylisés et sobres Le-Vaillant-Petit-Tailleurde Sébastien Mourrain. Le texte d’Anne Jonas suit fidèlement l’original.

Pour écouter le conte: http://www.youtube.com/watch?v=5CV87WJoM88

ET… puis, pour les adultes qui auraient envie de rire un peu des frères Grimm, lisez Le Vaillant petit tailleur d’Eric Chevillard, il existe en plus maintenant en version poche, un régal !