C’est un secret !

C’est un secret !
John Burningham
traduction (anglais) d’E. Duval
Kaleidoscope, 2010

Où vont les chats durant la nuit ?

Par Anne-Marie Mercier

c'est un secret.gif « Où vont les chats durant la nuit ? » demande l’enfant. « Je ne sais pas », répond sa mère. Plus tard, le chat Malcolm, interrogé, proteste : « C’est un secret ».  A la fin de l’album l’enfant peut dire à sa mère : « Je sais où il va le soir, mais je ne peux pas te le dire parce que c’est un secret ». Entre les deux, il y a un beau chemin dans la ville nocturne avec des aventures proches de celles racontées par Pommaux (Une Nuit, un chat, La Fugue…).

Le réalisme est plus limité et l’atmosphère plus rêveuse. Le dessin est aussi empreint d’enfance et de fantaisie : des traits de brouillon (beaucoup de crayonnés, des coloriages aquarellés à grands traits), une alternance de fonds blancs, grisés ou noirs avec des contrastes de couleurs forts, des superpositions de papiers découpés. La petite Marie-Hélène est rapetissée pour accompagner son ami Malcolm, lui-même est habillé pour aller à la fête (un costume qui ressemble à un déguisement bricolé de chat botté – sans les bottes). On rencontre la reine des chats, il y a un festin, des danses, des jeux, des cadeaux pour tous… Le texte est simple et allusif, l’image fait le reste.

Un rêve d’enfance et de connivence loin des adultes (mais pas trop tout de même), un délice dédié fort justement par l’auteur « aux petits ».

La nuit

La Nuit
Olivier Charpentier,
Seuil (Clac book), 2011

Dormir, c’est rêver un peu

par Christine Moulin

Dans la même collection que l’album de Philippe-Henri Turin, la collection « Clac book », voilà un ouvrage bien plus abouti. Il raconte, par le seul truchement de l’image, gaie, dansante, fantasque et colorée (ce qui est un comble puisque tout se passe la nuit !) le voyage d’un petit loup dans ses propres rêves. Il est accompagné d’un doudou lapin (rouge), qui le rassure, ce qui est la moindre des choses pour un doudou, mais va également gagner du galon et devenir un personnage à part entière.
On pouvait a priori douter que le fantastique pût se décliner pour les tout-petits : et pourtant… A la fin de son périple, le héros rapporte des contrées qu’il a visitées, présentées comme imaginaires, une rose, bien réelle, elle (tel le grelot de Boréal Express, de Chris Van Allsburg), qu’il offre, petit prince plein de tendresse, à sa maman.

La Nuit de Valentine

La Nuit de Valentine
Hélène Vignal et Isabelle Carly
Le Rouergue, 2011

Grandir et s’épanouir quand on est introverti

par Sophie Genin

9782812602016.gifValentine est une petit fille sage, très sage, trop sage. Au fur et à mesure d’un texte énigmatique qui présente une héroïne très timide qui aurait envie mais attend que le monde vienne la chercher, on sent croître le malaise jusqu’à la fameuse nuit qui donne son titre à l’album. Une nuit où tout devient possible pour Valentine, sa nuit !

Le texte, volontairement elliptique sur les causes psychologiques de l’attitude de l’enfant, est tiré vers le rêve par des illustrations oniriques mêlant dessin et collages colorés. L’univers visuel semble être une voie/x différente proposée au lecteur qui peut, à sa guise, remplir les blancs de l’histoire. Cet album particulier, comme souvent au Rouergue, résonnera différemment chez les lecteurs car il faut, pour l’apprécier, accepter de suivre l’auteur et l’illustratrice sur un chemin mystérieux, voire inquiétant parfois… Il faut accepter aussi de rester avec de nombreuses questions sans réponses à la fin de la lecture…