Le Doudou partagé

Le Doudou partagé
Yves-Marie Clément, Anne-Isabelle Lucas
Sarbacane, 2024

Pour accueillir un bébé

Par Anne-Marie Mercier

Un « doudou partagé », quelle drôle d’idée !
Un bébé nait dans une famille qui a décidé de vivre de manière éco-responsable. On évite les achats inutiles et on réutilise les vêtements de l’enfant précédent, la narratrice, qui s’enthousiasme de la bonne idée : les pyjamas mille fois lavés sont plus doux, les livres qu’on a lus mille fois et gardés sont les meilleurs… elle va jusqu’à offrir d’elle-même son doudou lapin, revenant sur tous les beaux moments qu’elle a passés avec lui.
Si on peut avoir des doutes sur l’excellence de l’idée (on ne choisit pas un doudou, c’est l’enfant qui le choisit), la joie de la petite fille est charmante. Les images sont simples et belles, en bichromie sur le fond blanc qui ressort parfois dans la couleur : des pages jaunes, rouges ou vertes soulignées de tracés noirs (une page, celle qui évoque la transmission des jouets, est en quadrichromie). Les formes sont simples, et font voir tout un univers enfantin. Le texte, en cursive, semble porter la voix de l’enfant.
Il reste que malgré sa simplicité apparente, une ambiguïté demeure dans cet album. On peut supposer que ce partage est davantage une idée qu’une réalité, une projection sur une relation future plutôt qu’un accord réciproque : ce doudou est, d’après la narratrice, un « cadeau ». Mais l’image de couverture et une page à l’intérieur de l’album semblent montrer que le cadeau n’en serait pas un mais qu’il serait bien un « partage », un cadeau à la mode enfantine (je garde mais tu peux en profiter si je veux), en attendant le moment hypothétique ou le doudou serait véritablement transmis .

Le Grand Voyage

Le Grand Voyage
Olivier Desvaux
Didier jeunesse, 2022

A la recherche du Père Noël

Par Anne-Marie Mercier

Olivier Desvaux excelle à peindre la neige, dans la lumière rasante de l’hiver. Sous son pinceau, elle a de la consistance, de l’épaisseur, du relief, de la douceur…on aimerait s’y promener, comme les deux héros de cette histoire, un lapin et un renard.
Couple improbable, certes, mais c’est un livre pour enfants, habité qui plus est par l’esprit de Noël : les deux amis poursuivent quelque chose de rouge qui vole… un ballon portant la lettre d’un enfant au Père Noël. Le ballon ayant fait flop ils décident de porter eux-mêmes la lettre. De jour comme de nuit, dans le calme ou au cœur de la tempête, à pied, en lit-bateau, lit-bateau qui se transformera en traineau à l’arrivée, sur terre, sur l’eau, les deux amis arrivent au bout de leur quête et finissent par rencontrer le Père Noël lui-même, qui réalisera leur rêve le plus cher. Quel est-il ? un rêve de Noël, bien sûr !
Histoire simple, belles images qui font voyager, tout est en place pour que la magie de Noël opère.

feuilleter pour se régaler des images sur le site de Didier

Le Noël du père Noël

Le Noël du père Noël
Camille von Rosenschild, Alice Gravier
De la Martinière jeunesse, 2020

Tuer le père (Noël) ?

Par Anne-Marie Mercier

Les illustrations réalistes d’ Alice Gravier ont un petit côté vintage, proche des images de Noël d’autrefois et sont réalisées dans un style « ligne claire », proche de la BD, et joliment colorées. Elles fournissent beaucoup de détails : on n’ignore rien des bretelles et des caleçons du Père Noël, de son intérieur où une mère Noël d’allure jeune lit au coin du feu. La nuit étoilée et la neige sont rendues avec poésie.
Le personnage du Père Noël est bien abimé dans cette histoire : il est représenté comme un gamin insupportable avec tous les mauvais côtés du cliché : capricieux, impatient, impossible à raisonner etc. Il y a de quoi s’inquiéter : pourra-t-on « sauver Noël » ? Heureusement, la mère Noël est là. Ca fera sans doute rire les enfants, mais on peut s’interroger sur l’intérêt qu’il y a à détrôner cette dernière figure masculine respectée : après les loups ridicules, les vampires gentils, les princes mous, que restera-t-il?
La plus grande originalité de cet album  réside dans sa forme : la couverture et les pages suivent une découpe qui imite la forme d’un paquet cadeau surmonté d’un gros ruban rouge.

Pour rappel : On peut aussi relire ou offrir le merveilleux Boréal express de Chris Van Allsburg, qui ne tourne pas le dos au mythe du père Noël tout en le revisitant, ou bien chercher une image moderne et drôle de celui-ci dans l’album récent de Nadja, Le Fils du Père Noël, où celui qui fait l’enfant est l’enfant, et non le père.

La Valise de Lolotte

La Valise de Lolotte
Clothilde Delacroix
L’école des loisirs (Loulou et cie), 2014

Par Anne-Marie Mercier

Comment faire quand on est déçu par un cadeau d’anniversaire, trop raisonnable, trop utile ?  C’est l’expérience que fait le petit cochon Lolotte en découvrant une valise au lieu du costume de super héros dont elle rêvait. Grâce à ses amis qui lui suggèrent tous les usages possible de l’objet pour inventer de multiples jeux, tout finit bien.

Chaque double page de cet album au format carré, en carton épais, offre un univers différent et coloré, un florilège de jeux d’enfants, du « faire comme si » aux équilibres les plus hardis, pour les petits.

Depuis, on a fait mieux encore : allez voir Pablo et la chaise de Delphine Perret sur le site de l’éditeur : Les fourmis rouges : une petite merveille

Le Méli-mélo des cadeaux

Le Méli-mélo des cadeaux. Une histoire de Noël
Taro Gomi
Autrement jeunesse, 2014

Tout le monde peut se tromper, même le Père Noël !

Par Yann Leblanc

Un derniLe Mélimélo des cadeauxer cadeau à acheter ? Une solution pour traiter avec humour les ratés du Père Noël ? Ou tout simplement pour le plaisir d’une histoire pleine d’humour et d’inventivité, cela fait trois temps pour offrir ce livre.

Un Père Noël tout en rondeur en combinaison et bonnet fuchsia, avec une moustache blanche mais sans barbe, atterrit en hélicoptère et fait sa distribution dans les maisons des animaux endormis. Des découpes au niveau des fenêtres lui font apercevoir leurs habitants et lui permettent de choisir le cadeau adéquat pour chacun. Sauf que… les apparences sont parfois trompeuses : le père Noël voit un petit animal alors que c’en est un fort gros,  il en voit deux quand il n’y en a qu’un, un quand il y en a trois, point quand il y en a un…

Au lendemain, tout s’arrange, avec des échanges entre amis et des détournements d’objets : même à Noël, savoir s’adapter et partager reste une belle règle pour être heureux. Jolie « leçon » pleine de fantaisie et portée par de beaux contrastes de couleurs, tandis que le père Noël parcourt une nuit bien noire semée d’étoiles blanches.