Le Costume du Père Noël

Le Costume du Père Noël
Christelle Saquet et Eric Gasté
L’élan vert, 2023

Tout est-il seulement une question d’apparence ?

Par Edith Pompidou-Séjourné

Un album de Noël au début assez classique : c’est le soir de Noël, un traîneau rempli de cadeaux, tiré par des rennes, qui tournoie dans le ciel… Mais tout va trop vite et c’est l’accident ; rien de grave à priori, seule la manche du costume du Père Noël est arrachée. Pourtant, pour lui c’est une catastrophe : comment ne pas porter son costume pendant la nuit la plus importante de l’année ? Il espère que son lutin champion de couture pourra réparer son costume, mais le temps presse et c’est impossible. Le lutin lui propose alors à la place d’autres vêtements qu’il a créés.
Le lecteur assiste alors à un défilé de mode dont le Père Noël est le mannequin principal mais aucun autre costume ne lui correspond Les images viennent appuyer le texte pour démontrer les situations incongrues que provoquerait un changement de vêtements : du blanc trop salissant, un costume à carreaux qui lui donnerait un air de clown, un autre qui le transformerait en sapin clignotant et hilarant tellement drôle que les rennes ne s’arrêtent plus de rire, un costume paquet-cadeau ou pyjama, enfin un costume avec de belles cerises que les oiseaux veulent picorer !… Les situations sont de plus en plus cocasses mais le Père Noël finit « rouge de colère » C’est alors que son lutin lui propose son costume de l’année précédente et tout est arrangé !
Cet album peut paraître simple et drôle mais ne transmet-il pas aussi un message ? L’apparence du Père Noël semble déterminante et tous les enfants seront d’accord Pourtant, il n’a finalement pas besoin d’un nouveau costume… Y aurait-il une remise en question de la société de consommation et une volonté de faire comprendre aux enfants (et aux parents !) que réutiliser ou réparer plutôt que de changer est souvent la meilleure solution ?…

 

Le Grand Voyage

Le Grand Voyage
Olivier Desvaux
Didier jeunesse, 2022

A la recherche du Père Noël

Par Anne-Marie Mercier

Olivier Desvaux excelle à peindre la neige, dans la lumière rasante de l’hiver. Sous son pinceau, elle a de la consistance, de l’épaisseur, du relief, de la douceur…on aimerait s’y promener, comme les deux héros de cette histoire, un lapin et un renard.
Couple improbable, certes, mais c’est un livre pour enfants, habité qui plus est par l’esprit de Noël : les deux amis poursuivent quelque chose de rouge qui vole… un ballon portant la lettre d’un enfant au Père Noël. Le ballon ayant fait flop ils décident de porter eux-mêmes la lettre. De jour comme de nuit, dans le calme ou au cœur de la tempête, à pied, en lit-bateau, lit-bateau qui se transformera en traineau à l’arrivée, sur terre, sur l’eau, les deux amis arrivent au bout de leur quête et finissent par rencontrer le Père Noël lui-même, qui réalisera leur rêve le plus cher. Quel est-il ? un rêve de Noël, bien sûr !
Histoire simple, belles images qui font voyager, tout est en place pour que la magie de Noël opère.

feuilleter pour se régaler des images sur le site de Didier

Une Souris nommée Miika

Une Souris nommée Miika
Matt Haig, Chris Mould (ill.)
Traduit (anglais) par Valérie Le Plouhinec
Hélium, 2021

De l’intérêt en amitié

Par Anne-Marie Mercier

Après Un Garçon Nommé Noël, qui montre un garçon nommé Nicolas arriver dans le grand nord au pays du Père Noël, des fées et des lutins, voici développée l’histoire de son amie, la souris. On y découvre ses origines, son enfance malheureuse et son premier vol, auquel elle a été poussée par la faim (on passe successivement du merveilleux au réalisme à la manière de Dickens). Elle vit chez la fée Vérité, une fée qui ne dit que la vérité et à qui cela cause bien des ennuis : tout le monde la fuit, y compris (et surtout) les autres fées. Elle s’ennuie et s’est liée avec la seule souris présente dans les environs de Lutinbourg, Bridget, qui veut qu’on l’appelle Bridget la Brave. Pour satisfaire celle qu’elle déclare son amie, elle est prête à faire bien des choses et à courir de très grands risques. Mais cela en vaut-il la peine ? Est-elle vraiment son amie ?

L’histoire est pleine de rebondissements ; on y affronte des Trolls en furie, il y a de la magie, des poursuites… Mais c’est surtout sa morale qui est attachante : il y est dit par la voix de la fée Vérité qu’il faut être soi-même, ne pas chercher à se faire des amis en prétendant être autre, s’accepter avant tout.
« On ne choisit pas qui on est. Mais c’est comme ça, donc pas la peine de se détester. »
« Sois toi-même. Sois entièrement toi. N’essaie pas de te faire toute petite pour imiter quelqu’un. Et bien sûr trouver sa place c’est bien. Mais pas aussi bien qu’être exceptionnel. »
Fin de l’histoire : Miika est enfin heureuse d’être elle-même, et c’est un exploit bien plus grand que d’avoir vaincu des trolls, sauvé Bridget, etc.

La Valse de Noël

La Valse de Noël
Boris Vian
Nathalie Choux
Grasset (« la collection », 2017

Croire au Père Noël?

Par Anne-Marie Mercier

Le principe de « la collection » de Grasset : « puiser dans le patrimoine littéraire des textes adaptés aux jeunes lecteurs » et proposer à un/e artiste contemporain de l’illustrer en suivant un cahier des charges contraignant : travailler pendant une semaine seulement, et en utilisant une palette limitée à trois ou quatre couleurs.
Après les Histoires naturelles dont nous avons parlé sur lietje, voici Boris Vian à travers un texte peu connu, écrit en 1955 (voir dans l’album les détails sur ce texte fournis par Nicole Bertolt, de la Fond’Action Boris Vian).
On retrouve le goût de Vian pour les accumulations dans cette liste de tous ceux que Noël intéresse (ou non) : enfants, bébés, parents, dévotes, mais aussi travailleurs de la mine, clochards, soldats…, et des cadeaux qu’ils reçoivent (ou non). On retrouve aussi un appel à la paix et au partage, qui rappelle que Noël ce n’est pas que pour les cadeaux :

Valse des gens de la terre
Qui partageront en frères
le pain et le sel

Mais, pour ceux qui savent lire, la fin est moins rose :

C’est une valse éternelle
Pour ceux qui préfèrent
Plutôt que de faire la guerre
Croire au Père Noël…

Les illustrations de Nathalie Choux donnent la part belle à un beau gris, rayé de fines rayures bleues ; il fait le fond de toutes les images, en dehors de celles où apparaissent des soldats, donnant une note douce et un peu mélancolique à la fête.

Le Fil rouge

Le Fil rouge
Géraldine Collet, Cécile Hudrisier

Philomèle, 2011

Au fil des contes

Par Anne-Marie Mercier

maquette-fil.inddL’expression « fil rouge », est prise ici au pied de la lettre comme au sens figuré : c’est celui qu’une petite fille tire, faisant apparaître des personnages de conte, puis le Père Noël, dont le pull se détricote. C’est aussi celui de la fantaisie, de l’accumulation joyeuse, de la juxtaposition des contraires, du jeu avec l’imaginaire et l’image.

Fondées en 2009, les éditions Philomèle publient des albums pour les jeunes enfants qui jouent sur les mots et les situations, avec simplicité et originalité.