La petite taiseuse
Stéphanie Bonvicini, Marianne Ratier
Naïve, 2010
Jacques Salomé pour les enfants
par Christine Moulin
A l’image des contes du célèbre psychologue, ce récit répand la bonne parole : « Heureux qui communique ». Mais reprenons : il met en scène cinq personnages, la Taiseuse, le Village (toujours présenté ainsi, comme une entité), le Meunier, le Vent et un chat, noir. Le Meunier fait la farine, la nuit, si bien qu’il ne parle jamais à personne. La petite Taiseuse se tait. Le chat l’adopte pour ne plus la quitter. Le Village suppute et papote. Un jour, meurt la Vieille mandatée par celui-ci pour aller porter des vivres au Meunier. La petite Taiseuse est toute désignée pour prendre sa suite. Grâce aux agissements du Vent, tout ce petit monde va bénéficier d’une leçon : « Apprends que tu peux ressentir tout ce que tu veux tant que tu l’exprimes ».
Et c’est là le hic : paradoxalement, ce livre est très bavard, démonstratif, didactique, même si’il se présente comme « une histoire où, à bien l’écouter, personne n’aurait le dernier mot ». Les symboles sont vite explicités si bien que l’on se prend à regretter que ne soit qu’à moitié réussi le programme que s’était fixé l’auteure : écrire « une histoire où l’on pouvait tout entendre, même ce qui ne se dit pas ».
On n’en sort plus : constater que le stéréotype du loup méchant s’est mué en stéréotype du loup gentil est devenu un poncif. Tant il est vrai que la veine est inlassablement sollicitée, avec son cortège d’allusions intertextuelles attendues : la Chèvre de Monsieur Seguin, les Trois Petits Cochons, le Petit Chaperon Rouge. Voici donc encore un loup condamné aux légumes, cette fois-ci à cause de son grand âge. Il va voir un médecin mais n’est pas Gotlib qui veut. Il reçoit l’aide de ses anciens adversaires et bien sûr, tout est bien qui finit bien.
Voilà un bon conte des origines, comme on n’en fait plus. Pas d’ironie, pas de modernisation, pas de second degré, pas d’intertextualité aguicheuse (ou du moins, s’il y avait quelque allusion, je ne l’ai pas vue !). Un conte qui commence par « Il était une fois » et qui se termine par « Depuis ce jour ». Avec un roi, une reine qui ne peut pas avoir d’enfants, de la magie, une forêt et tout et tout. Et même, en prime, des imparfaits du subjonctif ! Si !
Un chengyu est une formule de quatre mots, une expression proverbiale porteuse de sagesse. Dans cet album, nous avons le droit à deux histoires, deux fables, qui illustrent deux chengyu, sur le thème des dragons. L’un, « Duc Ye aime le dragon », nous parle de l’opposition entre l’image que nous nous faisons de quelque chose et ce qu’elle est vraiment; l’autre, « peindre la pupille sur l’oeil du dragon », nous parle de la puissance de l’art, du risque que doivent savoir prendre les génies; les deux réfléchissant aux rapports entre le réel et sa représentation.
La collection Clac Book est vraiment surprenante. Les genres sont variés et les surprises