Petites sorcières : Maud Champignon

Petites sorcières : Maud Champignon
Anne-Fleur Multon, Nina Six
Sarbacane (Pocus, premiers romans), 2024

Prince formidable : l’attaque des Trowls !
Katerine et Florian Ferrier
Sarbacane (Pocus, premiers romans), 2024

Sérieux s’abstenir

Par Anne-Marie Mercier

La nouvelle collection de Sarbacane « Pocus, premiers romans » a bien des atouts, sans annoncer de futurs chefs-d’œuvre : elle traite de thèmes qui plaisent aux enfants (l’analyse des titres suffirait à le prouver), les illustrations sont nombreuses, colorées, aux traits accusés, simples. Enfin, tout cela est sans prétention et l’humour domine, au-delà des aventures horrifiques qui guettent les héros. Ceux-ci sont décrits comme proches des jeunes lecteurs : tout prince qu’il est dans le royaume de Skyr, donc des fromages, le prince Formidable préfère regarder par la fenêtre plutôt qu’apprendre ses leçons. Maud la sorcière apprentie est gourmande et se régale des plats africains confectionnés par les sœurs de sa mère – au passage on peut célébrer le choix de cette héroïne issue d’un couple mixte, ce n’est pas si fréquent.
Néanmoins, tous vont affronter de grands périls, accompagnés de leur assistant animal (une pie nommée Watsonne pour Maud, pour Formidable c’est Goudada la ponette et Chat-ours le chat – j’espère que vous avez remarqué les calembours).
J’ai une préférence pour la petite sorcière, à cause de sa cohérence et de son pari sur l’interculturalité, mais certains aimeront peut-être davantage Formidable, qui accumule les épreuves, les dangers et les grosses ficelles. À la fin, c’est sa mère, la reine Ricotta, qui intervient à grands coups de sabre, car son père le roi Pélardon est un peu fainéant, voilà pour la touche féministe à présent indispensable.
Si les « Petites sorcières » en sont à leur deuxième volume, le « Prince Formidable » initie sa série, un deuxième volume est en préparation pour 2025.

Catfish

Catfish
Maurice Pommier

Gallimard Jeunesse 2012

                                                                                                         Par Maryse Vuillermet

 

 Un magnifique album !

Trois récits entrecroisés : celui de Vieux George,  esclave, jadis Kojo fils de prince capturé et vendu comme esclave qui recueille Catfish, échappé d’un bateau en provenance des Antilles et l’élève dans la plantation. C’est enfin l’histoire de Jonas, tonnelier anglais chassé par la misère d’Angleterre et qui apprendra son beau métier à l’enfant futé, vif, habile mais peu costaud.

Jonas s’enfuit avec Catfish, alias Scipio  et il affranchira Scipio  qui deviendra le premier fabricant américain de rabots.

Les histoires sont touchantes, le sens du récit qui les entrecroise sans nous perdre est solide. On embrasse plusieurs continents et plusieurs époques, dont la guerre de Sécession.   La langue des opprimés est savoureuse,  ainsi le régisseur s’appelle le blancquitape. .

 

L’illustration est superbe, le dessin est riche et généreux, les couleurs fortes, de très nombreux documents historiques sont utilisés, affiches de ventes d’esclave,  cartes, extraits de texte de bible, cartes à jouer. Le didactisme est là, mais jamais forcé ,jamais ennuyeux. On apprend  la vie d’une plantation, la complexité et la beauté des métiers et des savoir-faire, (éleveurs, laboureurs,  producteur de tabac, de sucre,  tonnelier), la traite des êtres humains, le traitement des esclaves..