Le Retour de la demoiselle

Le Retour de la demoiselle
Cathy Itak
Ecole des Loisirs (Médium), 2011

Un roman coup de poing sur l’orientation professionnelle – mais pas que

par Sophie Genin

LeRetourdelademoiselleCathy Itak s’est inspirée, pour rédiger ce roman, d’une histoire vraie racontée dans un article de journal que l’on trouve à la fin du livre. Mais, à partir de ce matériau premier, elle brode un conte mêlant rêve et réalité avec une habileté fascinante. Elle réussit à nous entraîner dans la mythologie celtique avec son univers envoûtant, tout en campant un héros jurassien, comme elle. Ce garçon va se découvrir et d’ado paumé trouver sa voie professionnelle, grâce à la révélation qui lui sera faite un après-midi dans une clairière où une jeune femme joue de la harpe celtique.

L’écriture de Cathy Itak, toujours coup de poing (pour s’en convaincre, lire dans la collection « D’une seule voix » chez Actes Sud Junior Rien que ta peau et 50 minutes avec toi), fonctionne à merveille : nous suivons les pérégrinations de cet ado touchant sans perdre de vue le contenu indiqué par le titre : le retour de la demoiselle, une libellule disparue depuis 133 ans et redécouverte en Franche-Comté en 2009. Si vous voulez savoir comment l’auteure tisse avec brio ces différentes fils, ouvrez ce roman que vous n’êtes pas prêts d’oublier ! Et n’hésitez pas à écouter, pour accompagner votre lecture, de la harpe celtique, comme vous y invitent, entre autres informations complémentaires, les annexes.

Prends garde à toi

Prends garde à toi
Fanny Chiarello
Ecole des Loisirs, 2013

L’inspiration est un oiseau rebelle

Par Christine Moulin

chiarelloVoici le pendant de Holden, mon frère (selon l’auteur elle-même, ce n’est pas une coïncidence). Louise est aussi bourgeoise que … Kevin ne l’est pas. Et c’est là que l’on se rend compte que Fanny Chiarello sait à merveille rendre compte des variations langagières! Toutefois, la truculence du style de Kévin était beaucoup plus séduisante que l’écriture gourmée, très « Auteuil-Neuilly-Passy » de la jeune narratrice. Et puis, il faut le dire, Kévin était tellement émouvant alors que Louise est une pimbêche odieuse à laquelle on a du mal à s’attacher (je sais, c’est voulu, mais quand même).

Même l’intrigue est plus superficielle (en plus, elle comporte, pour les habitués de l’univers scolaire, quelques invraisemblances: a-t-on déjà vu un professeur demander, dès les premiers jours de l’année, à des parents de participer à un atelier d’écriture pour aider leurs enfants à monter une comédie musicale, adaptée de Carmen ?): Louise aime la lecture, elle! (« […] j’ai toujours rêvé de faire partie des rares initiés. C’est pourquoi je suis tant attirée par les livres dont maman, papa ou les documentalistes me disent qu’ils sont trop compliqués pour mon âge. », dit-elle dès la page 11). Mais c’est à l’amitié, à l’humilité et… à l’opéra qu’elle doit s’initier (grâce à son professeur de musique, l’équivalent de la vieille dame de Kévin dans Holden), après toute une série d’épisodes « bac à sable » qui la confrontent à sa grande rivale, Manon, qui, elle, est délicieuse. Tout cela est un peu convenu et bien-pensant.

Une analyse plus indulgente sur le blog « Les riches heures de Fantasia » . Une autre analyse qui va plutôt dans notre sens: celle de Ricochet.

La Fourmilière

La Fourmilière
Jenny Valentine,
traduit (anglais) par Cyrielle Ayakatsikas
Ecole des Loisirs (Médium), 2011

Une auberge espagnole trash

par Sophie Genin

adolescence,culpabilitéLes vingt-quatre chapitres de ce roman original sont alternativement pris en charge par Sam et Bohemia, tous deux jeunes locataires d’un immeuble délabré d’un quartier peu fréquentable de Londres. Sam a 17 ans et a fugué, laissant derrière lui une sombre histoire que le lecteur, perplexe, découvre peu à peu. Sam souhaite se faire oublier dans la capitale anglaise. Il ne veut parler à personne mais c’est sans compter sur la vie et la rencontre avec Bohemia, gamine de 10 ans paumée, élevée par une mère alcoolique, droguée et totalement perdue.

On suit les deux points de vue sur la vie et l’amitié avec avidité, tant les personnages sont attachants, déroutants et jamais caricaturaux. La découverte progressive de l’ancienne vie et surtout de l’évolution de Sam est touchante et les seconds rôles (la mère, Cherry, la voisine âgée qui se mêle de tout, Isabel, et son chien Paillasson, Mick, le cycliste paumé et Steve, le propriétaire défiguré) font sans cesse penser à un film, un bon film par lequel on se laisse embarquer, surprendre, passant du rire aux larmes, comme dans la vie, en plus intense encore !