L’été dernier

L’été dernier
Jihyun Kim
Seuil Jeunesse 2022

Là tout n’est qu’ordre et beauté…

Par Michel Driol

Pas de texte dans cet album, mises à part quelques lignes en fin d’album, dans lesquelles l’auteure explique avoir passé quelques jours dans un village au bord d’un lac, l’été dernier. Elle évoque alors les moments privilégiés qu’elle a passés dans la nature, et son désir de vouloir partager ce sentiment de quiétude.

Album sans texte, L’été dernier évoque une journée d’été inoubliable dans des tableaux de toute beauté, presque monochromes, sublimés par le grand format de l’album. On part d’une ville, que l’on quitte, pour arriver dans une maison à la campagne, celle des grands-parents, possiblement. Puis c’est la promenade de l’enfant seul avec son chien, dans la forêt, son bain dans le lac, seul face à l’immensité du ciel, et le retour à la maison. Cette simple promenade, d’une après-midi, terminée par la vision d’un ciel nocturne rempli d’étoile, a des vertus apaisantes.

En double page, les illustrations sont superbes, remplies de détails montrant la vie quotidienne (dans la chambre en ville du garçon), l’histoire familiale (dans les photos chez les grands-parents) mais surtout le plaisir de la liberté en pleine nature, que ce soit dans la forêt ou sous l’eau. L’album inscrit magnifiquement le temps qui passe sur une journée bien particulière – au travers de l’horloge dans la chambre de l’enfant, des ombres qui s’allongent, de la nuit qui tombe, des lumières et des étoiles.   Ce récit sans texte est construit à partir d’illustrations pleines de poésie, qui magnifient la nature  et les plaisirs du jeu, des rencontres avec les arbres tous différents à celles des poissons sous l’eau.

Un magnifique album à contempler, pour lequel les mots sont inutiles, qui semble figer le temps de vacances au sein d’une nature immuable et éternelle. Zen…

Le Souffle de l’été

Le Souffle de l’été
Anne Cortey, Anaïs Massini
Grasset jeunesse, 2017

 Dans le monde de deux amis…

Par  Chantal Magne-Ville

C’est avec un grand plaisir que nous retrouvons Kimi et Shiro, deux lapins dont l’amitié délicate se déclinait au fil des saisons. Désormais, c’est au tout début des vacances d ‘été qu’ils poursuivent leurs jeux, mais ils ont bien grandi !  Ce sont des sentiments beaucoup plus forts qu’ils partagent au travers de quatre petites histoires de rien du tout. Leur complicité semble s’être approfondie, au point que souvent ils n’ont pas même besoin de se parler.
La mise en espace alterne les dessins et le texte en suggérant même des  scènes muettes, par exemple lors de la construction de châteaux de sable ou de jeux de cerfs volants.  Quand Kimi nage seule dans la mer, elle repense aux échanges qu’ils ont eus la veille avec Shiro, et elle peut imaginer la réalisation des rêves qu’il a évoqués.
Si les émotions sont suggérées avec beaucoup de pudeur, les couleurs très vives recréent cependant une atmosphère qui fait la part belle à la fantaisie. L’aquarelle est parfois renforcée par des crayonnés rapidement ébauchés, voire « bougés », qui insufflent une vibrante dynamique qui fait ressentir ce fameux souffle de l’été. Une lecture rafraîchissante, avec de très beaux sentiments, qui toutefois ne confinent jamais à la mièvrerie, grâce à la justesse des dialogues, qui miment avec justesse les tournures enfantines.

Un Eté crème glacée

Un Eté crème glacée
Peter Sís
Grasset jeunesse, 2015

« We all scream for ice cream » (J.Jarmush)

Par Anne-Marie Mercier

Uneté crème glacéeUn Eté crème glacée est un album tout frais, aux couleurs acidulées, composé autour d’une une lettre envoyée par un petit garçon à son grand-père. Il raconte ses vacances à la plage avec sa famille. Se voulant rassurant, il l’assure qu’il n’oublie pas de faire marcher son cerveau, travaille, revoit les opérations, explore, lit…

Chaque double page est une superposition cocasse de situations de jeux et de loisirs balnéaires et de questions d’apprentissages dans lesquelles des formes de cornet, de coupes et de pots de glace reviennent comme une obsession. Et le lecteur apprend, lui aussi, par la même occasion : l’histoire de l’invention des glaces, en Chine, il y a 2000 ans, sa transmission le long de la route de la soie jusqu’en Italie puis en France avec Catherine de Médicis, en Amérique avec Jefferson, Madison… L’invention du cornet par une belle coïncidence, puis du bâtonnet. Que de progrès accomplis par une humanité qui ne rêve pas ici de violence et de conquêtes !

notice des éditions Grasset :

Peter Sís, peintre, illustrateur, écrivain et cinéaste, a grandi à Prague où il a suivi les cours de l’Académie des Arts Appliqués. Après des études au Royal College of Art à Londres, il s’est installé aux États-Unis. De renommée internationale, il vit dans l’état de New York avec sa femme et leurs deux enfants. Ses albums ont reçu de nombreux prix, comme le prestigieux Prix Andersen récompensant l’ensemble de son ½uvre lors de la Foire de Bologne 2012, le Prix Sorcières pour Madlenka, la mention spéciale du Salon de Montreuil pour Les trois Clés d’or de Prague, le Grand Prix de la Foire de Bologne (catégorie non-fiction) pour L’Arbre de la vie, Charles Darwin, et Le Mur, mon enfance derrière le rideau de fer, a notamment reçu la prestigieuse médaille Caldecott aux États-Unis.s :