Il pleut des chats

Il pleut des chats
François David
La Feuille de thé, 2020

LE chat

Par Christine Moulin

S’il est un recueil qui peut rendre compte du pouvoir de la poésie, c’est bien celui-ci car le chat, de même qu’il est difficile à dessiner, est difficile à évoquer. Or François David y réussit merveilleusement, à travers un registre varié de poèmes, qui va du presque-haïku à la liste, en passant par des feux d’artifice de mots inventés. Il sacrifie avec bonheur à ce qui est presque attendu: les jeux sur les expressions contenant le mot « chat » (à commencer par celle qui constitue le titre, en un clin d’oeil à l’absurde et délicieux idiome anglais « it’s raining cats and dogs ») ou bien le répertoire des races félines, des façons de dire « miaou » selon les langues, des noms donnés par les écrivains à leur animal. Mais là où l’auteur excelle, c’est dans la description de certaines attitudes qui rappellent en quelque sorte les estampes japonaises: il sait capter un instant, le coucher sur la page et en préserver la vibrante magie. C’est que François David aime les chats: on le sent quand il décrit leur regard, leur pelage, leurs mouvements; on le sent quand il évoque leurs « pattes sudoripares » qui laissent d’émouvantes traces, leur habitude d’occuper le siège de leur humain avec la « ronronnante conviction » de participer à son travail ou la façon qu’ils ont de dissimuler leur trouble et de se donner une contenance en se livrant à une toilette compulsive. On le sent quand il esquisse les rapports que les hommes entretiennent avec eux, parfois marqués par la cruauté humaine, dénoncée dans des poèmes coups de poing. On le sent quand il envisage, de façon tellement poignante, la mort d’un chat aimé.
« S’il n’y a pas un chat
on se sent seul alors
vraiment »

Minou

Minou
Olivier Douzou et  Frédérique Bertrand
Rouergue, 2012

Très minou !

Par Christine Moulin

minouTout est délicat dans cet album dont les pages en carton fort indiquent le destinataire: les tout-petits. Les illustrations, aux tons assourdis et au trait minimaliste, mettent en scène un chat quelque peu énigmatique, vu de profil: celui-ci suit un itinéraire qui le mène d’une forêt  à un salon pour le faire repartir vers la forêt, où sa quête, commencée le matin, va enfin aboutir, à la nuit. Le texte évoque le genre de la comptine (comme l’indique le titre de la collection) et multiplie les jeux de mots, grâce à un principe simple: la répétition des ou de la dernière(s) syllabe(s) du dernier mot. On (re)découvre au passage de délicieuses expressions surannées comme « à potron minet » ou « au débotté »: mais comme tout est subtilité dans ce livre, le chat devient, dans ce dernier cas, Chat Botté. L’image, en effet, montre, sans lourdeur, en le prenant souvent au pied de la lettre, ce que dit le texte.  C’est ainsi qu' »entre chien et loup », au moment où apparaît le « matou… tou », on découvre , sur la droite, un inquiétant museau …

Ce livre  témoigne d’un respect remarquable pour les tout jeunes lecteurs, à qui il offre une oeuvre poétique de qualité, à leur portée.

20 poèmes au nez pointu

20 poèmes au nez pointu
Davis Dumortier, Anne-Lise Boutin
Sarbacane, 2012

Géo-métrique

Par Anne-Marie Mercier

Si on a un « côté » comique, comment sont les autres ? Quand on dit « ça ne peut pas faire de mal », en est-on bien certain ? Si on est « très attaché » à quelque chose, comment s’en débarrasser ? Quand on a un « trait » de caractère, pourquoi pas deux ?

David Dumortier traque les formules toutes faites, les banalités, pour les renverser et les faire jouer en poèmes courts et apparemment tout simples. Les illustrations les prennent au pied de la lettre font un joli pied de nez à la réalité.